Kemal Kiliçdaroglu redoute que son pays devienne une « province tampon ». Dans des propos rapportés ce matin par le quotidien turc Hürriyet, le chef du principal parti d’opposition (CHP, social-démocrate) a vivement critiqué le plan proposé à l’Union européenne par le gouvernement d’Ankara, au sujet de l’accueil des migrants.
Le risque, selon lui, serait que l’UE n’accepte que les Syriens « les plus éduqués et les mieux formés », laissant les autres à la Turquie. Il affirme, dans une déclaration rapportée par l’AFP, que « signer un tel accord qui ferait une discrimination entre les migrants constituerait un profond manque de respect pour ces êtres humains ».
Pour rappel, le projet d’accord prévoit la réadmission en Turquie de tous les migrants arrivés clandestinement en Grèce, en échange de quoi les Européens s’engageraient, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, à accepter un demandeur d’asile syrien sur leur territoire.
Dans cette perspective, la Turquie exige, notamment, que l’aide proposée par l’UE passe de 3 à 6 milliards d’euros pour l’accueil des Syriens. Ankara demande aussi la fin des visas, à partir de la fin juin, pour les turcs qui se rendent dans l’espace Schengen.
Ces propositions doivent être finalisées d’ici un sommet de l’UE les 17 et 18 mars. Depuis qu’il a été rendu public, lundi dernier, ce projet d’accord fait l’objet de multiples critiques dans la classe politique en Europe. L’ONU et de nombreuses ONG l’ont déjà qualifié d' »illégal ».