Selon Madrid, alarmé par l’ampleur du phénomène, près de 10 000 migrants algériens sont arrivés clandestinement depuis le début de l’année. Parmi ces «harraga», de plus en plus de femmes et d’enfants.
«Depuis plusieurs mois, les arrivées d’embarcations de migrants algériens en Espagne se multiplient. Un trafic qui s’est professionnalisé, générant des millions d’euros de bénéfices sur le dos des candidats au départ» dévoile le magazine panafricain Jeune Afrique, ce mercredi 3 novembre au moment où le régime algérien est épinglé après avoir expulsé plus de 1 200 migrants ouest-africains, parmi lesquels des Nigériens, vers le Niger depuis l’annonce de la réouverture de la frontière terrestre entre les deux pays, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM).
Le nombre d’Algériens arrivant sur les côtes du sud-est de l’Espagne ou des îles Baléares a connu une augmentation alarmante ces derniers mois. Un document interne des autorités espagnoles indique que 9 664 Algériens sont entrés clandestinement en Espagne depuis le début de l’année, soit 20 % de plus qu’il y a un an. Selon l’agence européenne Frontex, ils constituent la première nationalité à entrer clandestinement en Espagne, et la troisième en Europe. Côté algérien, 4 704 harraga sur le départ ont été interceptés en 2021, dont plus de la moitié en septembre, d’après le ministère de la défense.
«C’est la politique que les autorités espagnoles ont décidé d’adopter à l’égard des migrants clandestins pour tenter d’endiguer les vagues successives de harraga qui arrivent en provenance des côtes ouest de l’Algérie depuis plusieurs mois. Mardi soir, un navire de la compagnie Trasmediterránea a quitté le port d’Almeria en direction d’Oran avec à son bord une centaine de migrants qui avaient été détenus pendant plus d’un mois dans des centres de rétention à Madrid, Valence et Barcelone. D’autres expulsions devraient suivre dans les prochaines semaines» détaille le magazine.
Face à un phénomène qui a pris une ampleur inédite depuis le début de l’été, dit le magazine, «le gouvernement espagnol a donc décidé d’agir. Il s’active pour le rapatriement des migrants récemment arrêtés ou interceptés, et le transfert des clandestins dans des centres de rétention répartis à travers le territoire espagnol. La tâche se révèle ardue dans la mesure où la quasi-majorité des clandestins arrivant des côtes algériennes ne possèdent pas de pièce d’identité, ce qui complique leur expulsion vers leur pays d’origine.»
«Un autre front a été ouvert par les autorités, celui-là contre les réseaux criminels opérant sur l’axe Dellys-Mostaganem-Oran avec des complicités dans le sud de l’Espagne. Selon un document interne des autorités espagnoles que l’AFP a consulté, près de 10 000 Algériens sont entrés clandestinement sur le territoire espagnol depuis le début de l’année. Ce chiffre ne tient pas compte des personnes qui ont pu échapper aux autorités portuaires. Au cours des mois de septembre et d’octobre, les services de sécurité algériens ont intercepté 1 793 harraga alors qu’ils tentaient de rejoindre les côtes espagnoles. En 2020, le bilan des entrées de clandestins en provenance d’Algérie dans les ports d’Almeria, Murcie et Alicante s’était établi à 11 5000 personnes» chiffre le magazine.
«Une récente enquête de l’Unité contre l’immigration irrégulière (UCRIF) de la police espagnole révèle que ces vagues successives de clandestins visent la saturation, le débordement et l’effondrement des services publics de sauvetage, d’interception, d’assistance humanitaire et sanitaire ainsi que d’accueil des migrants. Des écoutes effectuées par la police espagnole sur les téléphones portables de plusieurs trafiquants ont mis en lumière l’existence d’un réseau algéro-espagnol spécialisé dans l’achat et la livraison en Algérie de bateaux achetés auprès de fournisseurs espagnols» a-t-on affirmé.
Selon les estimations effectuées par JA, le commerce de la migration clandestine a généré plus de 60 millions d’euros au profit des réseaux de passeurs depuis le début de l’année 2021.






