Le nouvel émissaire de l’ONU, Staffan de Mistura, chargé de relancer le dialogue entre Rabat et les «représentants» du Front Polisario épaulés par leurs tuteurs algériens, aura une tâche extrêmement difficile, en raison d’un sabotage en règle illustré par les réticences et les brusqueries destinées à ébranler le processus de l’ONU.
Depuis que le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) a appelé les parties impliquées dans le dossier du Sahara à reprendre les négociations «sans conditions préalables et de bonne foi», le Polisario et l’Algérie multiplient des déclarations et les effets de manche destinés à ruiner la mission de Staffan de Mistura. Au milieu de fanfares et de discours illusoires, l’Algérie cherche à établir une communauté d’intérêts, à créer des centres actifs d’une propagande politique en faveur du Polisario.
Pourtant, l’ONU a alerté que les prochaines discussions doivent être menées sous l’égide du nouvel émissaire de l’ONU, l’Italo-Suédois Staffan de Mistura, «en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable» après avoir approuvé une résolution qui prolonge d’un an la mission onusienne (Minurso) dans la région. Le Front Polisario avait indiqué, dans des diatribes vides de sens, que la nomination de M. de Mistura, n’est pas «une fin en soi », et que sa mission est de « faciliter un processus de paix vigoureux et limité dans le temps qui conduit à l’exercice libre et démocratique par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.»
La dernière table ronde, réunissant le Maroc, le Polisario, ainsi que l’Algérie et la Mauritanie, s’était tenue au printemps 2019, peu avant que l’émissaire de l’époque, l’Allemand Horst Köhler, ne démissionne face à l’absence de percée. Plusieurs diplomates affirment qu’Alger et les dignitaires de Rabouni ont saboté les efforts de l’ancien président allemand.
Dans la foulée, une déclaration du «représentant» du Front Polisario à l’ONU, Sidi Omar, a semé l’inquiétude dans les milieux diplomatiques : «la mission de M. de Mistura est d’ores et déjà vouée à l’échec, de telle sorte que les perspectives de réactiver le processus de paix seront sérieusement sapées.» Des propos inspirés par le régime algérien qui ôtent à la marche de l’affaire du Sahara toute force régulatrice, et le règlement de ce dossier subit de graves atteintes au milieu des passions belliqueuses violemment surexcitées et des ambitions ardentes et aventureuses du régime algérien.
C’est ce qui a été confirmé quand, en cette fin de semaine, Brahim Ghali a annoncé à l’ouverture d’une réunion de la direction du Polisario que «le peuple sahraoui a tranché et pris la décision souveraine d’intensifier sa juste guerre de libération par tous les moyens légitimes, et en premier lieu la lutte armée, jusqu’à l’établissement de la souveraineté de la République sahraouie (autoproclamée par le Polisario) sur l’ensemble de son territoire». Si le dirigeant malade du Polisario met dans ses procédés envers le Maroc beaucoup de retenue et beaucoup de rudesse factice ; c’est uniquement pour contenter ses tuteurs algériens, inconsolables depuis le 13 novembre 2020, c’est-à-dire depuis le déploiement de troupes marocaines à l’extrême sud du Sahara pour déloger des milices séparatistes qui bloquaient la seule route vers la Mauritanie.
Récemment, Alger et Pretoria ont appelé Staffan de Mistura à «coordonner étroitement avec l’UA pour assurer la mise en œuvre de la décision du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA, adoptée le 9 mars 2021 invitant le Royaume du Maroc et le Polisario à entamer des négociations directes sans conditions préalables à cet effet», selon l’agence APS. Un triste spectacle destiné à élever une barrière infranchissable contre toute solution au dossier du Sahara et qui confirme les empiétements incessants d’Alger, marqués par des sorties éphémères, pompeuses et irréalistes.
La même diplomatie algérienne qui a indiqué que la nouvelle résolution du conseil de sécurité de l’ONU «est profondément déséquilibrée, ne fera que consacrer une impasse programmée du processus politique et l’échec anticipé des efforts du nouvel envoyé personnel avant même que ce dernier n’ait pris son service à compter du 1ᵉʳ novembre». Une courte réflexion se place encore ici. Ces petites connivences d’Alger ne présentent aucun danger pour le Maroc, qui conserve la haute position que lui ont value ses percées internationales, le prestige dont sa proposition d’anatomie est entourée.
«Si nous engageons des négociations, c’est essentiellement pour parvenir à un règlement pacifique de ce conflit régional artificiel», a pointé le roi Mohammed VI dans un discours prononcé à l’occasion du 46e anniversaire de la Marche Verte. Le mot est dit.