Le Procureur général du Roi près la Cour de cassation, Président du ministère public, Mohammed Abdennabaoui, a affirmé, mercredi à Marrakech, que le développement de la coopération internationale pour la lutte contre le terrorisme est devenue une nécessité inéluctable, soulignant qu’aucun Etat, quelles que soient ses capacités, ne peut, à lui seul, faire face à ce phénomène qui porte atteinte à la sûreté et à la sécurité de la communauté internationale.
Intervenant à l’ouverture de la réunion plénière des parquets membres du groupe quadripartite antiterroriste, qui se tient les 11 et 12 décembre dans la cité ocre, M. Abdennabaoui a insisté sur la nécessité de l’activation et de la mise en oeuvre des mécanismes de la coopération judiciaire internationale, conformément à la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme, et la facilitation de l’échange des informations disponibles avec la célérité requise et ce, en vue de contrecarrer les groupes terroristes extrémistes pour qu’ils ne puissent pas prendre tel ou tel pays comme refuge sûr afin de ne pas être poursuivis ou traqués.
A cet égard, M. Abdennabaoui a précisé que la coopération judiciaire en matière de lutte antiterroriste entre le Royaume, la France, l’Espagne et la Belgique a enregistré une évolution très remarquable, particulièrement à travers le recrutement de juges de liaison pour faciliter la communication entre les parquets spécialisés dans les quatre pays concernés, ce qui a permis à ces Etats, a-t-il soutenu, de disposer d’une plate-forme appropriée pour l’échange d’informations sur les législations et jurisprudences dans le domaine judiciaire, l’examen des questions d’intérêt commun, le suivi des menaces terroristes, et la coordination pour y faire face par le biais des mécanismes judiciaires disponibles et prévus dans les législations.
Il a aussi indiqué que la communication et le dialogue directs entre les membres des quatre parquets concernés contribuent à la bonne mise en application des conventions de coopération judiciaire et à l’accélération de la mise en œuvre et de l’exécution des demandes de coopération liées aux questions de terrorisme.
Par ailleurs, M. Abdennabaoui a relevé que malgré l’efficacité et l’efficience démontrées par les différentes mesures juridiques, sécuritaires et institutionnelles prises pour lutter contre le phénomène du terrorisme, l’évolution d’ordre qualitatif de ce fléau place les Etats, et tout particulièrement les institutions judiciaires et sécuritaires, face à des défis multidimensionnels. Dans ce cadre, il a souligné que le phénomène des combattants terroristes étrangers, avec ses caractéristiques idéologiques et organisationnelles, demeure à l’heure actuelle le défi majeur à relever par les différents services de sécurité et les institutions judiciaires.
« Aujourd’hui, nous sommes confrontés, après le repli de plusieurs organisations terroristes dans les foyers de tension connus, au retour des combattants terroristes dans leurs pays d’origine. De même, ces organisations recourent à la méthode des loups solitaires et à l’exploitation du réseau internet pour faire l’apologie de leurs actes criminels et inciter aussi à les commettre, sans oublier les réseaux sociaux qui sont devenus un espace idéal à travers lequel s’activent les groupes terroristes », a-t-il alerté.
En outre, M. Abdennabaoui a affirmé que la réunion de Marrakech se veut l’un des mécanismes internationaux les plus efficients en la matière, notant que l’échange d’informations sur les initiatives législatives en matière de lutte antiterroriste et les règles de jurisprudence judiciaire revêt une importance extrême, vu que le débat autour de ces questions permet de faire le point sur les derniers développements dans les domaines législatif et judiciaire dans chaque pays, notamment ceux se rapportant à la garantie d’un procès équitable dans le cadre des affaires de terrorisme portées devant les tribunaux.
Il a, d’autre part, salué le partenariat distingué liant les parquets chargés de la lutte antiterroriste au Maroc, en France, en Espagne et en Belgique, dans le cadre de l’accord quadripartite, estimant que ce partenariat contribue avec efficacité à la lutte contre la menace terroriste et à relever les défis et enjeux qui en découlent, dans le cadre des efforts internationaux pour lutter contre ce phénomène et en tant qu’illustration exemplaire des fondements instaurés par la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme.
La Réunion des Parquets membres du Groupe quadripartite antiterroriste, dont le Royaume est honoré d’accueillir cette année, se veut ainsi l’occasion d’analyser la situation actuelle de la menace terroriste potentielle dans la région et d’identifier les défis d’ordre judiciaire et pratique pendant les travaux de recherches, d’enquêtes et de poursuites dans le cadre des affaires de terrorisme, a-t-il enchaîné, ajoutant qu’elle offre aussi l’opportunité d’échanger les points de vue sur les organisations terroristes et leurs modes de gestion et de financement, afin que chaque partie concernée par cet accord quadripartite puisse élaborer sa propre conception de la menace terroriste et définir les mesures à entreprendre pour y faire face.