Mohamed Dkhissi, chef de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), a été l’invité de 2M à l’occasion du 65e anniversaire de la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN, principal corps de la police nationale). Il a affirmé que la confiance du public dans le système judiciaire et sécuritaire est nécessaire à l’existence d’un État de droit et d’institutions, affirmant que la police marocaine s’inscrit dans une approche qui a fait d’elle une force publique démocratique reconnue à l’échelle internationale.
«La lutte contre l’arbitraire est indivisible». Le ton est donné dès le début. «La création des divers services policiers a répondu à des besoins dont l’évolution a été progressive. La protection des personnes et des biens, le maintien de l’ordre public et la préservation des institutions, à travers des règles de compétence et de procédure scrupuleusement honorées» a affirmé Mohamed Dkhissi, chef de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), lors d’un entretien accordé, dimanche 16 mai, à la chaîne 2M à l’occasion du 65e anniversaire de la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN).
«Le Maroc est une force régionale respectée qui remplit ses engagements», pointe M. Dkhissi. Interpellé sur les fantasmes suscités par les «Renseignements généraux» et les dénonciations peu fondées «d’une main policière occulte» derrière certaines affaires, M. Dkhissi établit à travers des arguments puissants que «la loi doit s’appliquer à tous, critiquant toute prétention de soustraire des individus ou des catégories d’individus à l’application de la loi», et soulignant l’obligation de respecter l’autorité de la puissance judiciaire et les décisions de justice devenues définitives, loin des tentatives d’agencer la réalité pour la soumettre à certaines qualifications inexistantes.
Les mot d’ordre en vigueur ? «La confiance, le respect, la dignité, l’écoute». «C’est à l’amélioration de la connaissance des services qui concourt à la mission de sécurité qu’il convient d’assurer, affirme M. Dkhissi, notant que toutes les entités centrales mettent en œuvre des missions ciblées» fondées sur l’importance de garanties procédurales et le respect des fondements de la société démocratique. M. Dkhissi soutient que «l’appareil de la justice est libre», condamnant une succession de glissements interprétatifs ayant pour objectif de viser l’institution policière et révélant que «les délits politiques» n’existent pas, et reconnaissant la légitimité de la critique constructive des modes d’exercice de l’autorité policière.
Selon M. Dkhissi, l’action sécuritaire est au-dessus des duels oratoires etdes empoignades verbales, précisant que les policiers, «dépositaires de l’autorité publique, n’exercent jamais leurs prérogatives que dans les formes consenties», tout en mettant en évidence «la centralisation des décisions et l’incontestabilité des rapports hiérarchiques qui guident l’usage de la force».
Selon le patron de la BNPJ, «les rapports sociaux, et non pas seulement les relations qui confrontent les citoyens aux pouvoirs publics, sont régis par le droit». Il clarifie que «l’action des institutions sécuritaires est aiguillée par le principe de légalité, fait d’un ensemble de règles constitutionnelles, législatives, jurisprudentielles, réglementaires auxquelles s’ajoutent les orientations des conventions internationales». S’agissant de réorienter l’action de la police vers les grandes affaires au lieu qu’elle soit concentrée sur la petite et moyenne délinquance, M. Dkhissi a affirmé que «les interventions policières s’appuient sur plusieurs principes centraux : l’attachement au droit, la focalisation sur les attentes des citoyens et sur une approche réactive préventive et partenariale.»
Selon M. Dkhissi, «la protection des droits individuels est au cœur de la réflexion menée par les institutions sécuritaires, garantie de la séparation des pouvoirs et de la hiérarchie des normes, la suprématie de la dignité des gens et l’indépendance des magistrats», indiquant que «le rôle de la police répond aux exigences démocratiques à travers la consécration de principes et valeurs qui promeuvent des communs, et ceux qui se sentent injustement mis en cause par la justice peuvent porter plainte».
S’agissant des manifestations publiques, M. Dkhissi avance que plusieurs éléments «interviennent dans la définition des objectifs spatiaux de la manifestation et les forces de l’ordre interagissent avec circonspection. Il s’agit de réduire la possibilité d’opérations sécuritaires et d’offrir les conditions d’accommodement aux limites imposées au déploiement des cortèges». Ici intervient le rôle de la discipline, unique manière de gouverner l’application d’une puissance publique. La police «n’est pas un instrument aveugle et purement passif, la force publique est douée d’âme, de pensée et de volonté» renchérit M. Dkhissi.
En relation avec la lutte antiterroriste, M. Dkhissi a signalé que «les structures marocaines prennent au sérieux les menaces contemporaines. Trois strates spécifiques se dégagent dans ce sens : le niveau politique, le niveau administratif et le niveau opérationnel», notant que le Maroc «poursuit une perspective stratégique de long terme qui associe l’ensemble des acteurs concernés, afin de cerner la diversité du terrorisme dans ses mobiles, ses acteurs, ses revendications, ses objectifs et ses modes d’action, surtout dans la région du Sahel».
M. Dkhissi a conclu : «La responsabilité est un énorme dépôt entre nos mains», saluant «la famille de l’éducation nationale et ses immenses sacrifices» et insistant sur l’importance capitale de la relation entre l’État et l’individu, la complémentarité entre la sphère sociale, la justice, la sécurité juridique, la prévisibilité des solutions juridiques et le principe de confiance dans les corps institués.






