Quelques heures seulement après que le ministre marocain de l’Intérieur a annoncé les résultats préliminaires des élections législatives, qui ont montré que le Parti de la justice et du développement – qui a dirigé la coalition au pouvoir au cours des dix dernières années – est arrivé à la huitième place après les élections de 2011 et 2016, la direction du parti a annoncé sa démission jeudi soir.
Le secrétariat général du parti, sous le choc des annonces, a décrit les résultats des élections comme «incompréhensibles et illogiques et ne reflètent pas la réalité de la carte politique marocaine.»
Soulaimane El Amrani, le secrétaire général adjoint démissionnaire, a déclaré – lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il a lu la déclaration du secrétariat du PJD – que l’actuel board «porte l’entière responsabilité politique de sa gestion du mandat actuel», et appelle à la tenue d’une réunion extraordinaire de l’Assemblée nationale le samedi 18 septembre, pour une évaluation globale des résultats électoraux et prendre les décisions appropriées. En marge de cela, il a appelé à la prompte convocation d’un congrès national extraordinaire du parti, en crise.
L’opinion publique locale et internationale a suivi la déclaration du ministère de l’Intérieur après le décomptage de 96 % des voix, où le PJD s’est classé huitième avec 13 sièges, ce que les dirigeants du parti et les observateurs ont considéré comme un défaite qui représente le pire des scénarios les plus attendus.
Dans ce contexte, Mohamed Mesbah, directeur de l’institut marocain d’analyse de politiques, soutient que les raisons de la défaite du PJD sont liées à l’autonomie du parti plutôt qu’à l’environnement politique. Pour lui, la direction actuelle du parti a commis moult reculs depuis les dernières élections.
La chose la plus remarquable pour les observateurs est peut-être que la nouvelle loi électorale, que le parti a longtemps critiquée, la considérant comme affaiblissant son poids électoral, est devenue la raison pour laquelle le parti a remporté quelques sièges.
M. Masbah reconnaît qu’il a eu tort. «Je pensais que le dénominateur électoral aurait des effets négatifs sur les résultats du PJD mais maintenant il apparaît que le vote était une sanction qui visait la performance du gouvernement et la performance de la direction actuelle du parti.»
Le Parti de la justice et du développement a perdu 112 sièges aux élections de 2021, par rapport à ce qu’il a obtenu en 2016, ce que les observateurs ont considéré comme une désaffection relative aux voix de la base du parti, d’une partie de ses membres et de la classe moyenne, qualifiée de une sanction électorale.
M. Masbah explique que le PJD «a déçu les espoirs de ses électeurs», et a ajouté que les attentes des citoyens étaient grandes, puisque le PJD fait des promesses électorales en 2011 et 2016 visant à entreprendre des réformes politiques et institutionnelles majeures. Pour lui, les promesses non tenues du PJD ont mis ses électeurs en défiance.
Les observateurs notent que le Maroc tourne la page des islamistes en se prononçant dans les urnes, à mesure qu’ils y sont entrés, ce que l’historien Mohamed Jabroun a considéré comme un fait exceptionnel et positif et une indication que la vie politique dans le Royaume est mature et dynamique.
Le ministère de l’Intérieur avait annoncé que le taux de participation s’élevait à 50,35%, tandis que le taux de participation dans certaines régions du sud dépassait 66%, une légère augmentation par rapport aux 43% enregistrés lors des élections de 2016.