Le mouvement en faveur de la prise en compte de la compétence et le projet de modernisation de la haute administration publique concernent (surtout) quelques noms en crise de réputation. La pérennité des institutions nationales et l’engagement de l’État sur la voie de la transparence et de l’efficacité budgétaire se feraient sans quelques éléments de l’ancienne garde.
Consolidation de l’État de droit, gestion plus rigoureuse des finances publiques, optimisation de l’environnement national des affaires, développement des infrastructures de soutien à l’économie, etc. Le visage des administrations va se transformer et certains dinosaures, en délicatesse avec la transparence de la gestion publique, et ayant échoué à piloter et mettre en œuvre les priorités définies, anticipent la fin de leur mission.
Le 17 octobre 2018, le déraillement d’un train survenu à une vingtaine de kilomètres au nord de Rabat a fait sept morts et 125 blessés, dont sept dans un état grave. Dès l’annonce de l’accident, des constats furent dressées et des conclusions rapportés pour en analyser les causes. Un seul homme a été pris à partie : le directeur général de l’ONCF, Mohamed Rabii Khlie (MRK). L’accident fut ainsi un facteur décisif pour juger l’évolution et la sécurité des réseaux ferroviaires, tant du point de vue technique qu’organisationnel. Plusieurs dysfonctionnements ont été cités : l’absence d’une quelconque amélioration de la qualité des matériaux, le développement des automatismes et des technologies de l’information non engagé, les mises au service de la régulation des flux rencontrent des carences.
Si, en 2018, les commentateurs ont glosé à l’envi sur la LGV marocaine en tant qu’élément facilitateur de la mobilité humaine sur le territoire national, les lignes classiques ont connu des augmentations tarifaires significatives, qui, loin de démocratiser le train, exposent les missions de service public dévolues à l’ONCF aux critiques. L’équité territoriale, qui impose une desserte minutieuse à l’échelle de toutes les régions a été négligée. La machine économique par une politique de grands travaux a été lancée, mais les voyageurs exaspérés par les retards bloquent parfois les voies en guise de protestation dans plusieurs gares. MRK, à la tête de l’ONCF depuis le 21 juillet 2004, ne reflète plus l’efficacité de l’action publique souhaitée.
Abdellatif Zaghnoun, directeur général de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) est vilipendé aussi. La gouvernance institutionnelle de cette caisse est mise en cause, et les conditions de son progrès ont été compromises. Cette institution, haut lieu de sécurité financière pour des fonds privés protégés par la loi, a vu ses activités se décroitre dans un monde financier mondialisé en pleine mutation, de plus en plus complexe et risqué. Abdellatif Zaghnoun est accusé d’avoir puisé dans les fonds de la CDG pour s’offrir une flamboyante Audi A8 dont le prix dépasse 1,5 millions de dirhams. En 2017, la cour des comptes a pointé du doigt la détérioration du portefeuille des participations directes de la CDG et la distribution bancale des provisions entre ses différentes filières.
D’autres opérateurs publics sont concernés par l’ambition d’insuffler un nouvel esprit au service public : l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT), Maghreb Arabe Presse (MAP), le groupe OCP (ex-Office chérifien des phosphates), l’Office national des aéroports (ONDA), pour ne citer que ceux-là.






