Les discours et les prises de parole de Mohamed Ziane sont révélateurs de la conception très personnalisée du pouvoir qui règne au sein du PML, des ambivalences autoritaires de ce parti, ainsi que la dérive d’un personnage dont l’intempérance verbale pèse lourdement aussi bien sur les débats sociétales que judiciaires.
Coordinateur général du Parti marocain libéral (PML), tête de liste de la formation, son porte-parole, son unique décisionnaire et son unique rédacteur de communiqués : Mohamed Zidane, impose sa vision du monde par des outrances verbales sans limites et la négation systématique de tout espace privé. Son parti, le PML, apparaît comme un lieu solitaire dont les membres, au demeurant peu nombreux, s’effacent derrière le président. Tout en restant fidèle à cette conception du pouvoir, il choisit comme collaborateurs des personnalités sans véritable influence politique.
Très enclin à communiquer, et parfois sans lucidité, la dernière sortie hasardeuse de l’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats laisse perplexe. Il s’est exprimé sans vérifier les faits sur l’affaire du supposé intercesseur qui tentait de monnayer au prix fort une remise de peine. Dans une vidéo largement diffusée, un individu connu des services de la police a promis à une femme non identifiée de permettre à sa mère, une détenue définitivement condamnée à huit mois de réclusion criminelle de voir sa peine réduite à huit semaines seulement. Ziane, sans examen et sans vérification, a accusé le ministère public «de ne pas réagir officiellement à cette affaire».
Souvent critiqué tant pour ses approximations que pour la confusion de son langage, Ziane s’empêtre cette fois dans l’ignorance. Le ministère public, en effet, a indiqué le 15 novembre, dans un communiqué, «que les éléments de la police judiciaire de Casablanca ont réussi, sous la supervision directe du parquet compétent, à arrêter cette personne après l’avoir identifiée et ce, suite à la publication de la vidéo précitée sur les réseaux sociaux le 14 novembre.» Il s’est avéré, ajoute la même source, que le suspect «faisait l’objet de deux mandats de recherche nationaux pour son implication dans une affaire d’escroquerie.»
Le Syndicat des avocats avait raison quand il a exigé une évaluation psychologique pour les prétendants au barreau avant de leur accorder le droit de prêter serment. La profession d’avocat devrait réfléchir à sa gouvernance. Le temps est venu d’une nécessaire rationalisation pour ne plus permettre l’usurpation de ce noble métier par des individus devenus des bouffons dont les divagations et les balivernes constituent le matériau principal de leurs prises de parole publiques.
Le temps de se retirer pour celui qui aborde tous les procès comme une épreuve dans l’espace public, davantage que comme l’aboutissement d’une procédure judiciaire, est venu. Une retraite qui sera bien bénéfique pour Ziane, qui ne fait plus partie des représentants les plus émérites de sa profession. Il est même devenu la risée de la sphère judiciaire, ayant transformé, depuis quelques années, les tribunaux en de caisses de résonance de combats extérieurs.






