Le discours du roi Mohammed VI, ce vendredi 14 octobre, devant le parlement nouvellement constitué après le scrutin législatif du vendredi 7 octobre, a de quoi interpeller les députés (nouveaux et anciens) qui s’attendaient à ce que le chef de l’Etat leur parle, contexte oblige, de cette élection, de ce qu’elle représente pour la démocratie, et de la feuille de route pour cette nouvelle législature, entre autres sujets.
Eh bien non. Le roi Mohammed VI a pris tout le monde au dépourvu en axant son discours sur un seul sujet, la réforme de l’administration, un sujet, certes, qui fait partie des préoccupations que devraient avoir les représentants de la nation, mais qui aurait pu être abordé dans un discours aux thèmes multiples.
En choisissant précisément la question de la réforme de l’administration, le monarque a voulu interpeller les députés sur un sujet qui lui tient beaucoup à cœur et pour cause: il va à l’encontre des citoyens plus que le font les députés qui, une fois élus, disparaissent dans la nature et se réfugient dans l’hémicyle pendant les cinq ans de leur mandat avec quelques rares visites au bled.
« Beaucoup de choses se disent sur les citoyens allant à la rencontre de leur Roi, sollicitant son assistance pour régler de multiples problèmes ou surmonter des difficultés. Si certains ne comprennent pas que des citoyens s’adressent à leur Roi pour régler des problèmes et des questions simples, c’est qu’il y a maldonne quelque part », a fait remarquer le roi qui se dit « fier de traiter directement avec Mon peuple et de régler ses problèmes simples ». ET Mohammed VI d’insister qu’il va continuer à le faire tout en se demandant si les citoyens lui demanderaient d’intervenir si l’Administration faisait son devoir.
Pareils propos devraient interpeller les députés surtout ceux qui profitent de leur mandat « pour régler leurs affaires personnelles ou partisanes, au lieu de servir l’intérêt général, motivés en cela par des calculs électoralistes ». Ceux qui « feignent d’ignorer que le plus important dans un scrutin, c’est le citoyen lui-même et non le candidat ou le parti, et renient les valeurs de l’action politique noble ». A ces députés, le roi leur conseille de ne pas se « diriger vers l’action politique » et d’aller faire autre chose.
Dans son discours , Mohammed VI a poursuivi dans sa lancée en parlant que de l’administration, rien que l’administration, et de la nécessité de la réformer, rappelant à cet égard le classement du Maroc, dans ce domaine, et qui restera dans la catégorie des Etats du Tiers Monde, voire du quart-monde et même du cinquième monde.
Il s’est ainsi livré à un véritable réquisitoire contre les administrations et les services publics qui, selon lui, accusent de nombreuses carences relatives à la faible performance et à la qualité des prestations qu’ils fournissent aux citoyens, et pâtissent également de la pléthore des effectifs, du manque de compétence et de l’absence du sens des responsabilités chez de nombreux fonctionnaires.
De telles critiques, le chef de l’Etat a tenu à les faire, car il avait déjà tiré la sonnette d’alarme en 2002 à travers sa lettre au Premier ministre de l’époque, mais ,force est de constater que rien n’a été fait d’où ce rappel à l’ordre. Un de plus, feront remarquer les observateurs qui se demandent si ceux censés représenter les citoyens, arriveront un jour à saisir, une fois pour toutes, les remarques et les reproches du roi qui a, cette fois-ci, décidé de s’emparer de cette tribune que constitue le parlement, non pas pour présenter ses orientations, adresser des critiques, au sujet de l’action représentative et législative, mais pour se faire le porte-parole des citoyens, de leurs doléances, une mission qui normalement incombe à ces mêmes députés pour lesquels ils ont voté et qui semblent atteints de surdité.
A ces derniers, donc, de bien saisir les propos du roi, et de se mettre au travail au lieu de répéter comme des perroquets, dans des déclarations aux médias, les critiques du roi, et en s’empressant, comme d’habitude, à y adhérer pleinement, face camera, alors que ces reproches et ses remontrances s’adressent à eux au premier chef.