L’ancien bâtonnier de Rabat a été condamné en appel à trois ans de prison ferme. Un jugement que l’entourage de l’avocat déchu lie à sa conduite politique et aux incidents qui ont servi à sa mise en accusation. Éclairage.
Mohammed Ziane, ancien bâtonnier de Rabat, a été arrêté et incarcéré, lundi 21 novembre dans la soirée, après avoir été condamné en appel à trois ans de prison ferme, avait écrit Barlamane.com. Depuis, un spectacle étrange a eu lieu, de l’AFP qui décrit Ziane comme un «opposant», en passant par la secrétaire de ce dernier qui accuse Barlamane.com, «d’avoir été au courant avant tout le monde de la condamnation» (ce qui est absolument faux car notre site n’a fait que publier le communiqué annonçant la condamnation de l’avocat suspendu), et en finissant par les rabatteurs habituels qui ont rebondi sur le jugement pour diffamer les institutions marocaines, comme l’antisémite Dounia Filali, l’agitateur Ali Lmrabet, et le fraudeur Maâti Monjib, qui salue «le militantisme» de Ziane.
Mohammed Ziane aurait dû bénéficier d’une justice d’exception, privilégiée, indulgente, à en croire son entourage. Pourtant, son affaire a respecté les principes les plus sacrés de la justice : publicité des débats, liberté de la défense, plaidoiries contradictoires prononcées devant un concours d’auditeurs. Mohammed Ziane a été jugé sur ses propres actes en dépit des tentatives de dénaturer sa situation pour la plonger dans une atmosphère obscure et douteuse. Il ne s’agit nullement, comme disent certaines mauvaises langues, de «l’envahissement de la justice par la politique», mais de l’ingérence scandaleuse d’un tribunal parallèle qui dicte ses propres sentences.
Dans un communiqué, le parquet a précisé que «les services de la police judiciaire compétente, et sur instruction du ministère public, ont arrêté l’intéressé et l’ont incarcéré en exécution des dispositions de la décision d’appel». La constitution investit la justice d’un pouvoir discrétionnaire, non-seulement pour caractériser le délit, mais pour infliger la peine. Ziane serait-il au-dessus de la loi ?
«Poursuites intentées à raison non des actes, mais des personnes», «pratiques des temps sinistres», «justice qui entre dans les voies de l’iniquité» ; le script est toujours le même, et les agents provocateurs qui le diffusent aussi. Pourtant, les mêmes s’accordent à dire que l’homme est «aigri, mécontent, violent, sa mauvaise conduite privée et ses mauvais propos le desservent souvent». Mais la justice a jugé sur des faits.
M. Ziane, âgé de 79 ans, était poursuivi pour onze chefs d’accusation, dont ceux d’«outrage à des fonctionnaires publics et à la justice», «injure contre un corps constitué», «diffamation», «adultère» ou encore «harcèlement sexuel». Il avait été condamné le 23 février en première instance à trois ans de prison ferme et à une amende de 5 000 dirhams mais il avait été laissé en liberté. Depuis, il prétend «qu’il est surveillé individuellement, partout, dans toutes ses démarches, et que la police est attachée à ses pas.»
Fondateur du Parti marocain libéral (PML), Ziane s’est fait connaître depuis quelques années par de violentes diatribes depuis qu’il a été impliqué dans plusieurs affaires pénales. Si Ziane fut un nom fameux, d’un rang élevé, et a exercé dans les conditions supérieures de la politique dans un certain temps, la justice marocaine rappelle toujours que, devant la loi, nul privilège, nulle exemption de responsabilité ne tienne.
Faut-il que la justice s’agenouille devant quelques militants sans nom, sans crédit, qui vivent dans les réseaux sociaux et qui, pour certains, au détour d’un verre ou d’un pétard, prétendent pouvoir nuire au Maroc ? En vérité c’est avilir la provocation elle-même.






