Premier pays africain à marquer un point en coupe du monde (Mexique 1970), premier pays africain à passer la phase des groupes (Mexique, 1986), premier pays africain qualifié en demi-finale (Qatar, 2022), les Marocains l’ont fait, à jamais les premiers.
C’est historique pour l’Afrique ! Après l’exploit au Mexique, de l’autre côté de l’Atlantique, le Maroc a remis ça au Qatar, près du Golfe Persique. Depuis le début de la compétition, vous connaissez la musique, après la chute de la Belgique, c’est la péninsule ibérique. Dernière victime en date d’un scénario épique, c’est le Portugal qui tombe devant une formation clinique, au terme d’une prestation héroïque, devant leur fidèle public. Le Maroc est en demi-finale après un parcours unique, c’est magique mais tellement logique, cette équipe a quelque chose de presque romantique.
Ceux qui la détestaient l’aiment désormais, et ceux qui l’aimaient sont marqués à jamais. « Qui sont ces héros ? » se demande le monde. D’où vient cette équipe qui écrase tout le monde ?
Croatie, Belgique, Espagne, Portugal : 433 minutes face au gratin mondial, 7 heures et 13 minutes face à ces favoris au sacre final, pas un seul but encaissé, jamais nos cages n’ont tremblé. Une prouesse considérable et un mot qui revient inlassablement sur toutes les lèvres : incroyable ! Nous sommes muets, nous restons cois, nous sommes sans voix, devant l’incroyable exploit.
Ces lions ne forment pas une équipe dévouée, ces lions sont le dévouement incarné, c’est une philosophie qui a pris le pouvoir sur un corps pour lui imprimer la plus grande rigueur et la plus grande abnégation dont il puisse faire preuve. Lorsqu’on les regarde jouer, le show auquel on assiste est celui d’une symphonie à la fois lyrique et épique. La grandeur de leur sacrifice ajoute de la lumière à leurs mouvements, leurs tacles sont radieux, leurs gestes sont gracieux, leurs passes tout en rimes, leurs relances sublimes.
Que dire de la performance contre ce Portugal ? un récital, un régal, que sais-je ? un festival ! Ou comme disent les jeunes : un truc de malade mental. Une détente vertigineuse suivie d’un obus, et qui plus qu’En-Nesiry méritait ce but. « Le Maroc n’est pas beau à voir » disaient les plus jaloux, mais les dribbles d’Ounahi les rendront tous fous. «Amarabat est nul» disaient ces ignorants ? Les voilà qui en parlent en des termes éloquents. Les sorties de balle étaient purement de l’art et ont finit de faire taire les sceptiques bavards.
Et quel tableau final ! Croatie, Argentine, France et Maroc, trois continents, trois géants et un petit poucet qui les laisse béants. Le Maroc est l’ambassadeur d’un football nouveau. C’est le messager d’une forme de dévouement à laquelle nous n’avons accès que par des hommes comme eux. C’est le précurseur d’une ère où la force collective l’emporte sur les qualités individuelles. L’Argentine est une prouesse technique, la France est une promesse athlétique mais le Maroc est une manifestation de la grâce, qui échappe aux limites d’une technique sans âme ou d’un corps athlétique qui plafonne aux portes du sacrifice.
Nos lions sont des étoiles que le collectif transcende, nous ne parlons plus de héros, nous parlons de légendes. Des astres éternels qui brillent dans la nuit, par-delà les frontières du hasard ou de l’oubli. Et nous sommes là aujourd’hui, spectateurs de l’inouï, le Maroc est en demie, la raison fuit devant la folie… et l’histoire continue.