Journaliste et grand reporter, entre autres dans les colonnes de la section arabe du journal «Libération», ce témoin privilégié des dernières décennies est mort, le 5 janvier, ont annoncé ses proches.
Bon connaisseur des affaires du monde et celles du Maroc, Youssef Hannani avait couvert plusieurs événements majeures. Il est mort le 5 janvier après une brève malade, à Casablanca. Sa vie, aussi fulgurante que courte, offre le reflet d’un personnage respecté par ses pairs.
Ce journaliste au sein du quotidien Libération «fut un philosophe dans l’âme, toujours disposé aux joies modestes, et ingénieux à les faire naître ; poli dans ses manières et pondérant dans ses discours ; craignant toute sorte de démesure», confie à Barlamane.com une de ses connaissances. «On perd un homme illustre par son esprit et par son sérieux, un fort honnête homme, de très-bonne compagnie, simple en fait de ton et de manières, désintéressé», nous a-t-on confié.
Il avait déjà l’art, unique, de composer des articles exquis, sans en avoir l’air, par une sorte de lien caché, inattendu. Chacune de ses pensées se mue, se développe, s’éclaire, par ses lumières. L’homme pris en général ou dans ses variétés de toute espèce, était un allié actif, spécial, à une époque de bouleversements et de passions. Il n’était jamais de ces réputations factices conquises à si peu de frais, ce semble et dont on veut secouer le joug ; il était un être admirable, bon, doté de beaucoup de savoir-faire, de facilité, de dextérité, d’élégance, un homme de goût aux temps du simulacre et du faux semblant du talent.
Son souvenir reste cher ; toutes les fois que ses connaissances ont à parler des teintes de sa voix, ils rappellent le chant du cygne. Il a sa place assurée dans l’histoire du journalisme marocain, et sa disparition en marque un moment.
M. Hannani a existé pour nous rappeler un peu à l’amour de la sobriété, à la proportion de la pensée au langage. Éternellement, monsieur.