Être un grand musicien et musicologue de renommée internationale ne relève pas que du passionnel, c’est une responsabilité, une persévérance, une action éducative qui favorise l’épanouissement des générations futures par le biais d’une formation musicale judicieuse et appropriée telle qu’elle a été prônée par des géants de la musique classique, tels Beethoven, Stravinsky et Tchaïkovski.. Nabil BenAbdeljalil, compositeur et professeur d’histoire de l’art à la faculté Hassan II des Lettres et Sciences humaines de Casablanca, est l’incarnation de ces trois éléments qui s’entremêlent, convergent et coopèrent pour donner vie à un travail de haute qualité favorisant en premier lieu l’encadrement et l’accompagnement des artistes de demain sur la base d’une action concrète d’aujourd’hui.
Accueilli à bras ouverts dans les grands opéras du monde et reconnu en tant que tel par les grands compositeurs de la musique occidentale, ce natif de Meknès doit sa grande et profonde richesse culturelle, artistique et musicale à son entourage familial, d’abord aux côtés de son père, AbdelAziz Benabdeljalil, lui-même musicologue de grande renommée, mais aussi à ses études à Kiev, en Ukraine, couronnées par un master en fine arts en 1997, suivi d’un doctorat en musicologie à l’Université de Strasbourg en 2007.
Disposant d’une excellente maîtrise du répertoire musical national et de celui de la musique arabe, orientale, ainsi que les styles des musiques classiques de l’Occident, Nabil s’est employé tout au long de sa carrière à enchaîner fusions musicales traditionnelles et contemporaines et à mettre en avant, à travers son style original, toute la spiritualité d’un pays fructifiant ainsi un patrimoine musical diversifié et généreux.
De telles fusions lui ont permis une ouverture sur la magie du rythme dans ses dimensions diverses. C’est la raison pour laquelle on le voit s’inspirer de la poésie soufie dans la composition de son œuvre Mawlid par exemple, et aussi faire recours à la mélodie Aissaouie dans sa symphonie marocaine à 4 tableaux (1997/2011) tout en puisant dans d’autres musiques du monde comme le jazz par exemple avec l’ensemble Zakharif …
La main magique de Nabil, l’intérêt qu’il porte à l’art musical et aux générations à venir, conjugué à son savoir académique, font de lui un grand musicien et musicologue, dont l’art se transmet de père en fils simplement par le geste, son fils, Abderrahmane, étant un instrumentaliste qui fait chanter le piano à l’âge de six ans.
Sa musique pour orchestre fût interprétée par nombre de formations au Maroc et à l’étranger, comme l’Orchestre Symphonique Royal (tournée marocaine avec la Symphonie marocaine en quatre tableaux en 2011), l’English Chamber Orchestra (Londres en 2015 avec l’Adagio pour cordes), l’Orchestre Philharmonique du Maroc (festival des Alizés en 2017, puis tournée marocaine en Janvier 2019 avec l’Adagio pour cordes). Sa musique de chambre a été jouée par des ensembles tels les Seattle Chamber Players (Seattle 2012), le Xenia ensemble (Turin 2010-2012), l’ensemble de chambre La ‘’Raqsa en Raml al-Maya’’ a été dernièrement commandée par l’Académie du Royaume du Maroc.
A son œuvre s’ajoutent sa détermination et sa persévérance pour décortiquer l’histoire de la musique arabe, marocaine et occidentale, mais aussi méditer sur la beauté du chant et de la musique spirituels. Pour lui, la musique est une ascension; une voie de quête et d’élévation spirituelle. Nabil s’intéresse aussi de très près à la relation entre la musique et bien d’autres arts et disciplines tels la poésie à laquelle il associe impérativement la musique et qu’il considère comme une disposition musicale des mots, un retour à l’essence musicale de la parole. ‘’Sans cette dimension musicale la poésie n’est plus’’, déclare-t-il à Barlamane.com.
Et sur le rapport de la musique au cinéma, Nabil pense que la musique est essentielle au 7ème art de par sa capacité d’évoquer différentes ambiances tout en sacrifiant son aspect naturel et abstrait fondamentalement propre à elle. Quand à la philosophie, ce fervent admirateur de Nietzsche, estime qu’elle a toujours appréhendé la musique comme ‘’puissance naturelle et transcendante qui échappe au contrôle de la raison’’.
‘’La musique est pour moi un chemin, une ascension, mais aussi souvent un miroir du psychisme avec toutes ces couleurs qui transforment, cependant, tout en beauté’’, estime-t-il.
Nabil ne fait pas qu’aimer et pratiquer la musique, il la pense, l’analyse et partage avec nous son questionnement permanent sur le présent et le futur de cet art dans le pays. chose que lui reconnaissent ses étudiants et ses amis musiciens, dont le pianiste marocain Marouane Benabdellah, qui nous a fait savoir que : ‘’la musique de Nabil est une belle fusion de l’authenticité orientale, le patrimoine marocain et la technique occidentale, elle est plurielle du fait qu’elle embrasse le beau dans toutes ses dimension d’ici et de l’ailleurs’’.
Alors que nos responsables de la Culture continuent d’afficher un désintérêt croissant vis-à-vis de l’acte musical dans son ensemble, notre musicologue continue, lui, d’enchaîner concerts, conférences, soirées musicales avant de partir à la conquête des capitales d’Europe, d’Asie et du Moyen-Orient. Les portes des Opéras lui sont ouvertes à plusieurs reprises tout comme celles des plus grandes chaînes de télévision et autres maisons de production arabes et occidentales.