Invité de RFI ce matin, Nasser Bourita, a abordé plusieurs sujets : Sahara, Union africaine, Algérie, Israël. Réponses sans aucune fausse note, et prises de position d’une clarté limpide.
Sur le statut d’observateur accordé à Israël, Nasser Bourita a affirmé, dimanche 6 février à Radio France internationale (RFI, station de radio publique française à diffusion internationale), que «Moussa Faki était dans son bon droit, et je ne parle pas du fond. Je parle d’abord de la procédure. Trois ou quatre pays ont annoncé chez eux qu’ils allaient combattre cette décision. Ils sont venus, à partir de cette surenchère nationale, pour imposer leur position ici à l’Union africaine».
«Je pense là aussi qu’il faut comprendre que l’Union africaine a changé, qu’elle n’est plus la chasse gardée d’un pays ou deux (…) et que l’organisation va les suivre. L’Afrique a changé, l’Union africaine a changé. Il se trouve aujourd’hui que 44 pays africains ont des relations avec Israël, 44», a affirmé le chef de la diplomatie marocaine, ajoutant : «Si cette réalité ne plaît pas à quatre pays, il faut la changer d’abord sur le terrain. Parmi les pays qui sont les promoteurs de ce débat, il y en a un qui a reçu, il y a une semaine, l’ambassadeur d’Israël et qui a une ambassade avec un drapeau d’Israël qui flotte. Je parle de l’Afrique du Sud. Comment peut-on accepter une réalité chez soi et venir imposer le contraire au niveau de l’Union africaine ?»
Nasser Bourita a confirmé encore une fois que le Maroc est engagé au côté du peuple palestinien. «Nous sommes tous pour une solution à deux Etats. Lorsqu’on est pour une solution à deux Etats, c’est qu’on doit reconnaître deux Etats. C’est cela la position du Maroc. Et le rétablissement des relations avec Israël ne changera aucunement la position du Maroc sur la question palestinienne», a-t-il dit. Il a mis en évidence la transparence des positions marocaines : «lorsqu’on est clair par rapport à ses positions, lorsqu’on n’instrumentalise pas les causes des autres, ça ne pose pas de contradiction. Et le Maroc souhaite également que l’évolution de sa relation avec Israël puisse permettre la réalisation des droits du peuple palestinien à avoir un Etat indépendant.»
«Cela fait assez longtemps que j’ai arrêté de suivre ce que dit l’Algérie ou la diplomatie algérienne», a tonné M. Bourita parce que «je vois qu’il y a beaucoup de contradictions, beaucoup de choses». «Je pense que lorsqu’on est dans l’excès, on n’a plus d’impact.» M. Bourita, pour commenter la crise avec Alger, affirme que «le Maroc n’est pas dans l’escalade. Le Maroc n’insulte pas l’avenir et le Maroc pense qu’on ne change jamais la géographie. Mais la démarche du roi Mohammed VI est de ne pas aller dans l’escalade et de se concentrer sur ce qui nous unit et pas sur ce qui nous désunit.»
S’agissant de la situation au Sahara, M. Bourita a souligné que «le Maroc est dans son territoire, et le Maroc est dans sa légitime défense. Le Maroc n’a jamais cherché la confrontation. Le Maroc est pour une solution dans le cadre des Nations unies de ce problème, dans le cadre de l’autonomie, sous souveraineté marocaine.» Il a ajouté qu’«il ne faut pas mettre l’Algérie et le Maroc sur un pied d’égalité. Et le Maroc est aligné sur la résolution du Conseil de sécurité. L’Algérie ne veut pas de cette résolution. Donc, le Maroc, il est à l’aise. L’envoyé personnel [du secrétaire général de l’ONU pour la région du Sahara, Staffan De Mistura], a un mandat, il a un cadre d’action. Lui-même dit qu’il travaille pour les tables-rondes. Si l’Algérie ne veut pas, c’est son problème.»
Enfin, pour les négociations autour du Sahara, M. Bourita a dit que le Maroc est poussé par la volonté de trouver une solution dans le cadre de l’initiative d’autonomie, et rien que l’initiative d’autonomie marocaine. «Le cadre, c’est un cadre de tables-rondes avec la participation de la véritable partie à ce différend régional. Dans ce couloir [du siège de l’Union africaine], demandez à n’importe quel diplomate, le problème du Sahara, il est entre qui et qui ? Et l’avantage de cette escalade algérienne, c’est que l’Algérie aujourd’hui a démontré qu’elle est la véritable partie à ce problème», a-t-il conclu.