Le Maroc a organisé, dimanche au siège de l’ONU à New York, une conférence sur le financement de la couverture sanitaire universelle, marquée par la participation de plusieurs ministres africains de la Santé.
S’exprimant lors de cette conférence, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita, a fait savoir que la question du financement du modèle sanitaire universelle se situe à l’intersection des questions de financement et de développement durable, en ce qu’elle constitue une condition sine qua non pour la pleine réalisation des ODD (Objectifs de Développement Durable).
Cette question est d’autant plus importante qu’il s’agit d’un problème global qui ne touche pas uniquement les pays en développement. « Un phénomène auquel il n’y a pas de solutions miracles, pas de modèle idéal ; mais des bonnes pratiques à identifier et à partager », a-t-il souligné.
S’agissant de l’expérience du Maroc, M. Bourita a signalé que Royaume s’est déjà engagé dans cette réflexion puisqu’en juin dernier, le Royaume a organisé une conférence nationale sur le thème du financement de la santé. Elle a constitué un espace d’échanges afin de réfléchir à une stratégie viable de financement de la santé.
D’après le ministre, la santé est à la fois un résultat et un indicateur du développement durable. Si le financement de la Couverture Sanitaire Universelle est un moteur de croissance inclusive, la santé est elle-même un investissement dans le capital humain. Cependant, dans beaucoup de pays en développement, le financement de la santé est insuffisant, inéquitable et inefficace.
Dans son allocution, M. Bourita a signalé que la moitié de la population mondiale n’a toujours pas accès aux services de santé essentiels. « Les dépenses directes en santé des ménages font basculer chaque année plus de 100 millions de personnes dans la pauvreté, dont 10% sont africains. En effet, l’Afrique en particulier affiche le taux d’appauvrissement le plus élevé du fait de la santé. Aux côtés de l’Asie, elle cumule 97% d’appauvrissement dû à la santé. L’Afrique pâtit d’une faible protection contre les risques financiers », a-t-il souligné.
Bien que les dépenses de santé en Afrique aient fortement augmenté, les dépenses publiques domestiques n’ont pas suivi. Dans tous les pays, les paiements directs sont passés de 15$ par habitant en 2015 à plus de 40 aujourd’hui. Dès lors, malgré les efforts consentis, l’incidence du financement de la santé sur le bien-être des populations africaines demeure élevée.
Par ailleurs, le ministre a signalé qu’au-delà du constat, il s’agit d’un appel à accélérer les progrès sur la voie de l’instauration de la couverture sanitaire universelle et à protéger les personnes de la paupérisation causée par le financement de la santé.
M. Bourita a signalé que c’est ce même chemin vers une couverture universelle que le Maroc s’engage à emprunter. En effet, conformément à la vision du Souverain, le secteur de la santé a été érigé au rang des grandes priorités nationales. Dès 2005, le Roi a lancé l’Initiative Nationale de Développement Humain qui a mis le citoyen marocain au cœur des politiques de développement. La santé, dont le droit a été consacré par la Constitution de 2011, en est un pilier fondamental.
La politique du Maroc en la matière vise à permettre la Couverture Sanitaire Universelle dans les meilleures conditions d’équité, de qualité, tout en protégeant les citoyens contre les fardeaux financiers liés à l’accès aux soins.
Dans ce cadre, le Royaume du Maroc a franchi d’importantes étapes dans l’instauration des Régimes de Couverture médicale de base, avec l’entrée en vigueur, en 2005, de l’Assurance Maladie Obligatoire et la généralisation, en 2012, du Régime d’Assistance Médicale (RAMED).
Parallèlement, le Maroc a consolidé un arsenal juridique complet dans le domaine de la couverture médicale de base, du système de santé et de l’offre de soin. En effet, le Royaume, qui a réussi un bond considérable en termes de couverture passant de 16% en 2005 à 64% en 2019, a privilégié le renforcement de l’accès à des soins de santé de proximité, dans le cadre de la régionalisation avancée et de la déconcentration administrative.
L’accès à des soins de santé de proximité, s’est, du reste, accompagné d’une panoplie de mesures visant à élargir l’accès aux régimes d’assurance maladie aux étudiants du secteur public et de la formation professionnelle, aux travailleurs non-salariés ainsi qu’aux migrants et aux parents des assurés.
« Cette stratégie découle d’une vision qui œuvre en faveur de la réalisation d’un modèle de financement de la santé, qui soit inclusif dans sa démarche, équitable dans sa finalité et solidaire dans son approche« , a rappelé le ministre.
M. Bourita a fait savoir que l’expérience du Maroc a démontré que face à la tendance exponentielle des dépenses de santé, la protection de la population contre les risques financiers liés à l’accès aux soins passe nécessairement par des mécanismes de financement innovants, mutualistes et solidaires.
Ainsi, le ministre a souligné qu’il est important d’exploiter le partenariat public-privé, y compris le financement par les organismes de placement en capital immobilier. Il a noté également qu’il est nécessaire de renforcer l’efficacité administrative et la transparence de la gestion au niveau des hôpitaux publics et d’investir davantage dans la santé en tant que secteur productif et économique pour les générations futures et non pas uniquement en tant que secteur social.
« L’idée que chaque Africain puisse accéder à des services de santé de qualité et abordables n’a rien d’utopique. C’est non seulement possible mais également accessible et souhaitable. Ce n’est pas uniquement un impératif moral, c’est un droit fondamental porteur d’avantages économiques réels », a-t-il précisé en ajoutant que la couverture en termes de service de santé s’améliore alors que la protection financière se détériore. Les investissements dans les systèmes de santé en Afrique sont la clé d’une croissance inclusive et d’un développement durable. C’est cela la ferme conviction du Maroc.
A noter que le Royaume organisera avec l’OMS durant le premier trimestre 2020, une réunion régionale africaine sur le règlement sanitaire international. Elle visera à inscrire davantage les questions liées à la santé dans le cadre de la coopération Sud-Sud avec les pays frères africains, en vue d’ apporter des réponses coordonnées à des défis communs.






