Le quotidien américain The New York Times s’est intéressé dimanche au problème des femmes soulaliyates qui réclament le droit de bénéficier des indemnités de cession des terres collectives au même titre que les hommes.
Sous le titre « dans un combat pour la terre, un Mouvement de femmes fait trembler le Maroc », la publication s’intéresse en particulier au cas de Saïda Soukat, d’Ouled Sbata (région du Gharb), qui fait partie de ces femmes déterminées à faire valoir leur droit à travers des sit-in et manifestations pacifiques.
« Un pied en haut, un pied en bas. Pour ma terre, le sang coulera », lança-t-elle à travers un mégaphone lors d’une des ces manifestations.
Le New York Times rappelle que le mouvement des Soulaliyates a commencé a protester il y a dix ans devenant ainsi une organisation puissante réclamant le droit de bénéficier des indemnités de cession des terres collectives au même titre que les hommes, estimées à 15 millions d’hectares au Maroc.
« Il s’agit vraiment du premier mouvement qui est en train de faire trembler le fondement patriarcal de la société », a déclaré au journal, Zakia Salime, professeur agrégé à la Rutgers University, qui a étudié ce mouvement.
Le quotidien cite le ministère de l’Intérieur selon lequel, près de 35% des terres au Maroc sont désignées comme soulaliyates. En effet, d’après une récente étude, ces terres collectives, estimées à 15 millions d’hectares au Maroc, sont sous tutelle du ministère de l’Intérieur et sont régulièrement vendues. La Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l’Homme (LMCDH) estime à six millions le nombre de ces femmes exclues du partage de la terre des tribus lors de ces transactions.
Le New York Times donne ensuite la parole à Saïda Idrissi, présidente du bureau de Rabat de l’Association marocaine des droits des femmes selon laquelle, « la plupart de ces femmes sont analphabètes originaires de zones rurales qui ont peur de parler, ce qui fait que nous avons mis sur pied une stratégie très spécifique pour cette catégorie de femmes », a-t-elle déclaré au quotidien américain qui fait état de plusieurs circulaires du ministère de l’intérieur appelant à faire bénéficier ces femmes de la vente des terres communales et faire partie du processus de négociation.
Selon le New York Times, l’imminence de la menace est visible du haut d’une montagne juste derrière la maison de Saïda Soukat. Il s’agit d’un projet de développement de maisons autour d’un terrain de golf construit par Addoha. Selon elle, un délégué a vendu le terrain en 2007 sans avoir consulté ou impliquer les villageois.
« Nous ne sommes pas contre les projets de développement, mais nous demandons à ce que nos droits soient respectés », a souligne Saïda Soukat, 27 ans et mère de deux enfants, qui avait abandonné l’école très jeune avant de se marier à l’age de 16 ans.
Le New York Times cite le message adressé par le roi Mohammed VI, en décembre 2015, aux participants aux « Assises nationales sur la politique foncière de l’Etat et son rôle dans le développement économique et social », à Skhirat, dans lequel le souverain a engagé toutes les parties prenantes gouvernementales « à accélérer l’apurement de la situation juridique des terres collectives, en vue de créer un climat propice à l’intégration optimale de ces terres dans le processus de développement économique et social du pays ».
Le journal fait par ailleurs état de la participation aux manifestations des soulaliyates, deux fois par semaine, d’une proche de Saïda Soukat, Fatima Soukat qui pense avoir 93 ans.
Elle est née lorsque le Maroc était dirigé par la France, a célébré l’indépendance du pays en 1956 et s’est réjouie lors de l’adoption du code de la famille en 2004, souligne le New York Times en parlant de cette nonagénaire qui a également participé aux manifestations du mouvement du 20 février en 2011.