La nomination jeudi par le roi Mohammed VI de 65 ambassadeurs dont certains pour la première fois, outre le nombre impressionnant qui fait que ce mouvement soit le plus important jamais enregistré au Maroc, suscite quelques interrogations de la part d’une bonne partie de l’opinion publique sur la nécessité d’un tel déploiement, et sur les critères dans le choix de ceux censés représenter le royaume à l’étranger.
Pour un petit pays comme le Maroc, aux ressources modestes, ce nombre impressionnant d’ambassades à l’étranger ne manquera pas d’avoir un impact sur la trésorerie de l’Etat, même si d’aucuns, espérons le, ne vont pas le justifier par ce mot récurent qui ne veut rien dire à savoir, « le prestige » du pays à l’étranger, mais plutôt, pour faire sérieux, par la nécessité d’une présence accrue sur la scène diplomatique internationale, en particulier eu égard au fait que le Maroc a besoin de convaincre la communauté internationale du bien fondé de sa cause légitime qu’est sa souveraineté historique sur le Sahara. Vu de cet angle, on pourrait comprendre un tel déploiement même si, selon les détracteurs, il arrive un peu tard. Cependant, comme dit l’adage, mieux vaut tard que jamais.
Vu d’un autre angle, économique celui-là, un tel déploiement peut s’avérer bénéfique encore que, concernant certains pays aussi lointains que beaucoup n’arrivent même pas à les situer su la carte, on voit mal ce qu’on pourrait en tirer. Certes, l’offensive surtout économique lancée par le Maroc grâce au roi Mohammed VI en Afrique occidentale, et religieuse à un moindre degré, peut servir d’exemple et de modèle à suivre dans le reste des pays où le drapeau marocain flotte déjà et flottera désormais. Seul hic, c’est que même là où nos diplomates étaient déjà postés, on n’a rien constaté, donc zéro bénéfice.
Mais force est de reconnaître que ce mouvement se distingue au moins par une chose: la présence accrue de femmes diplomates au nombre de 13, ce qui n’est pas négligeable pour un pays qui traîne encore en matière d’égalité entre les deux sexes. Il s’agit là d’une effort louable qui ne devrait pas cacher l’absence de jeunes profils. Là aussi, d’aucuns s’empresseront de dire qu’ils manquent d’expérience. La réponse à ce genre de propos coule de source: qu’ont-ils fait ceux plus âgés et habitués à faire le tour du monde?
Bref, s’il y a une chose qui peut « réconcilier » les marocains avec leurs diplomates, c’est certainement pas la quantité, mais la qualité et partant le rendement. Autrement dit, ils devront eux aussi rendre des comptes et pour ce faire, on devrait leur faire signer un cahier de charges, comme ça, la pilule sera facile à faire avaler.