Des personnalités politiques, des acteurs associatifs et des intellectuels ont publié, samedi 20 juillet, une déclaration sans précédent sur la situation générale en Algérie, depuis la répression du Hirak et la traque de ses leaders, qui croupissent dans les geôles du régime ou ont quitté le pays par peur pour leur vie.
«L’Algérie d’aujourd’hui traverse une situation plus critique qu’avant, avec des perspectives, à court et à moyen termes, encore plus complexes et plus périlleuses», estiment les signataires, qui brisent ainsi la chape de plomb qui plane sur toute la société, réduite au silence par la dictature militaire.
Les pétitionnaires sont dressent un bilan accablant de la situation du pays : «Le régime a fait rater au pays l’opportunité historique d’un changement démocratique pacifique offerte par la révolution populaire pacifique du 22 février 2019 (…) Le scrutin présidentiel du 12 décembre 2019, marqué par l’intronisation d’un autre «chef d’État sur mesure, a consacré l’illégitimité du pouvoir tout en plongeant l’Algérie dans une ère de non-gouvernance, d’illusions, d’improvisation et d’absurdité», a-t-on souligné.
Et de renchérir : «Près de cinq années plus tard, le haut-commandement des forces armées, pouvoir réel, et sa façade civile, en situation de survie, se met en quête de son salut au détriment de toute la nation, reproduisant ses péchés capitaux et clonant ce qu’il y a de pire en lui.»
Le pouvoir militaire «a avorté l’émergence d’une société civile indépendante et banni les différents contre-pouvoirs, qu’il s’agisse de partis, de syndicats véritables ou de médias libres tout en bloquant les mécanismes de contrôle et d’accountability», a-t-on déploré.
«Par la peur, le désespoir et la corruption, il tente de démanteler ce qui reste des jalons de l’édification nationale visant à réaliser le rêve de l’État démocratique et social qui, bien évidemment, mettent en danger les intérêts de ses nébuleuses et clans ayant fait main basse sur les richesses du pays au point d’en faire une propriété privée», lit-on dans la déclaration.
Évoquant la politique extérieure, les signataires attestent que «le régime a isolé l’Algérie sur les plans diplomatique, économique et géo-sécuritaire, réduisant ainsi sa politique étrangère à de slogans creux présentant le pays comme victime de conspirations extérieures et de menaces permanentes».
«Et même ce rôle qu’il cherche à jouer à l’échelle internationale, onusienne particulièrement, à propos du génocide et crimes contre l’humanité perpétrés par Israël contre le peuple palestinien à Gaza, il l’a interdit au peuple algérien en l’empêchant de manifester sa solidarité comme il le faisait, hebdomadairement, lors de ses marches pacifiques sur l’ensemble du territoire», font remarquer les personnalités, qui prennent un risque énorme en défiant les généraux.
Dès à présent, ils qualifient de «fiasco» la présidentielle du 7 septembre 2024, qui «sera, sans aucun doute, plus désastreuse que les précédentes», dans la mesure où elle «approfondira les fractures et divisera le peuple selon un agenda visant à perpétuer, vaille que vaille, un régime sans légitimité ni crédibilité encore moins un projet.»
«Il est de notre devoir, aujourd’hui plus que jamais, de clamer vigoureusement et d’une seule voix : Non aux mascarades électorales sous la dictature !… Oui à une démocratie véritable et à la souveraineté populaire !», concluent les signataires.