Cela concerne des millions de poissons. Près de 526 tonnes l’année dernière, plus de 583 tonnes cette année, selon les projections, et ce, pour les seuls pêcheurs espagnols. Mais aussi autant de tonnes de tomates, de poivrons ou de melons. Au sénat espagnol, l’intégrité territoriale marocaine est défendue officieusement.
Dans les capitales européennes, la décision du Tribunal de l’Union européenne (UE), il y a quelques jours, de suspendre des accords commerciaux conclus entre le Maroc et l’UE s’apparente à une décision absurde. «L’arrêt rendu fin septembre par le Tribunal de l’UE, au terme d’une très longue saga politico-judiciaire, reste en travers de la gorge des autorités européennes» raconte le quotidien suisse Le Temps. «Nous allons faire tout ce que nous pourrons pour que nos navires continuent de pêcher dans les eaux marocaines», s’exclamait mardi devant le sénat Luis Planas, le ministre espagnol de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation. Il insistait: «Les accords avec le Maroc ont pour nous une valeur stratégique. Ils répondent aux intérêts mutuels de l’Union européenne et de l’Espagne.»
Il s’agit non seulement des licences de pêche octroyées par le Maroc aux bateaux européens qui, de fait, œuvrent quasi exclusivement au large des côtes du Sahara, mais d’autre part, se pose la question des droits de douane préférentiels attribués aux produits agricoles marocains, y compris lorsqu’ils proviennent, eux aussi, du Sahara.
Dans les eaux poissonneuses au large des côtes, ce sont 128 bateaux européens, dont 93 espagnols, qui remplissent leurs cales, offrant en échange au Maroc 52 millions d’euros annuels.
La France et de l’Espagne tiennent au caractère «stratégique» de leur relation avec le Maroc. Après l’annonce du tribunal, l’UE et le Maroc se sont engagés à poursuivre leur partenariat commercial. « Nous prendrons les mesures nécessaires afin d’assurer le cadre juridique qui garantisse la poursuite et la stabilité des relations commerciales entre l’Union européenne et le royaume du Maroc », affirment le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, et son homologue marocain, Nasser Bourita, dans une déclaration commune.