Madrid a opposé une fin de non-recevoir alors que le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez est sous pression, à trois semaines des législatives du 10 novembre.
Après de violents affrontements ayant fait plus de 180 blessés vendredi, la tension a nettement baissé en Catalogne, samedi 19 octobre, au sixième jour de la mobilisation contre la condamnation de dirigeants séparatistes pour leur rôle dans la tentative de sécession de la région, en 2017. Sur la place Urquinaona, épicentre des violences de vendredi soir, 6.000 personnes, selon la police municipale, se sont réunies à l’appel de la gauche indépendantiste radicale pour protester contre la «répression policière», scandant «Les forces d’occupation, dehors !» à la police encerclant la zone.
Afin d’éviter les violences, qui ont fait près de 600 blessés dans la région depuis lundi, des dizaines d’indépendantistes ont formé une chaîne humaine entre le cordon policier et les manifestants. Malgré ces efforts, des groupes d’émeutiers ont mis le feu à du mobilier urbain pour en faire des barricades, notamment sur les célèbres Ramblas, avant d’être dispersés par les charges et les tirs de projectiles en mousse de la police.
Sur le front politique, Madrid a opposé une fin de non-recevoir aux appels au dialogue du président séparatiste catalan, Quim Torra. Le gouvernement indépendantiste catalan a demandé samedi la tenue de « négociations sans conditions » pour résoudre le conflit dans la région mais Madrid a refusé, exigeant que le gouvernement indépendantiste «reconnaisse» les Catalans opposés à l’indépendance et condamne sans ambiguïté les violences.
En exigeant des négociations «sans conditions», Quim Torra veut que la question d’un référendum d’autodétermination, dont Madrid ne veut pas entendre parler, puisse être abordée. «Cela fait longtemps que nous demandons ce processus de négociation pour une résolution politique d’un conflit politique. Aujourd’hui, c’est plus urgent que jamais», a-t-il ajouté.
Dans une déclaration, le gouvernement a rejeté la main tendue et a réclamé au gouvernement indépendantiste de « condamner fermement la violence (…), ce qu’il n’a pas fait jusqu’à présent », et « d’exprimer sa solidarité avec les policiers blessés ». Madrid a également souligné que pour que le « dialogue soit effectif », il faut que «M. Torra reconnaisse l’autre partie des Catalans qui ne sont pas indépendantistes et qui lui réclament de reconstruire la coexistence minée par l’indépendantisme».
M. Torra a appelé «à la responsabilité lors des prochaines manifestations » et souligné que « la défense des droits et libertés doit s’exprimer comme toujours, pacifiquement». «La violence n’a jamais été et ne sera jamais notre manière de fonctionner, ni à Barcelone, ni à Tarragone, ni à Lérida, ni à Gérone», a-t-il ajouté, citant les villes qui ont été le théâtre d’affrontements ces derniers jours. De son côté, la maire de Barcelone, Ada Colau, a appelé au calme. «Cela ne peut pas continuer. Barcelone ne mérite pas cela», a-t-elle déclaré.
A moins d’un mois des élections législatives du 10 novembre, ces violences mettent sous pression le gouvernement Pedro Sanchez, qui a dépêché son ministre de l’intérieur à Barcelone et est vivement critiqué par l’opposition de droite.