La gestion du groupe OCP (Office chérifien des phosphates) pâtit d’un ensemble de dysfonctionnements relatifs à la planification de l’activité minière, à la constitution de la réserve d’exploitation, au planning de la production, à l’impact sur l’environnement et au traitement des phosphates.
La planification du développement des nouvelles mines prévues dans certains sites pour atteindre les objectifs fixés par la stratégie de développement des capacités de production minière, déployée depuis 2008, a été marquée par certaines insuffisances relatives aux études minières, apprend-on du rapport annuel de la Cour des comptes au titre de l’année 2019.
Par ailleurs, les études relatives aux mines en développement, réalisées entre avril 2008 et janvier 2009, devaient donner plus d’importance à l’affinement de la reconnaissance géologique des gisements. En outre, l’échéancier de mise en service des nouvelles mines au niveau de certains sites n’a pas été suffisamment étudié au regard de son importance. Ainsi, le programme de production à l’horizon 2050, qui constitue le document de référence en matière de planification, n’a fait qu’identifier les gisements de relève sans préciser les éléments pris en compte et les critères retenus pour prioriser entre ces gisements.
Par conséquent, la planification pluriannuelle doit être encadrée par un processus formalisé et documenté. Ainsi, l’élaboration des supports de planification, au niveau des sites miniers, devrait s’appuyer sur un cadre de référence formalisé qui définit la démarche, les intervenants, l’horizon
de planification, la périodicité, la fréquence d’actualisation, l’étendue des variables à planifier ainsi que les contraintes à prendre en compte, le format de ces documents.
En outre, le processus d’acquisition de l’assiette foncière nécessaire au développement des activités minières exige un encadrement par un dispositif formalisé et documenté qui définit les intervenants, leurs rôles et les règles de gestion régissant le processus d’identification et de programmation des besoins en foncier.
Soulignons que la gestion des stocks à l’état actuel fait que les laveries fonctionnent souvent en flux tendu, engendrant des risques de perturbation dans les programmes de production. Par ailleurs, il a été relevé que le suivi des activités des laveries ne permet pas un pilotage approprié. En effet, à cause du retard dans le déploiement d’un système informatique permettant la génération automatique des indicateurs liés à ces activités, les entités continuent à assurer le suivi sur des supports inappropriés engendrant un risque significatif sur la fiabilité des données et la disponibilité des indicateurs de pilotage de la performance en temps opportun.
La maintenance du matériel d’exploitation constitue, pour OCP. SA, un des principaux leviers vers l’excellence opérationnelle. À ce titre, elle a été mise au cœur de son système de gestion de la production. Cependant, plusieurs de ces chantiers ont accusé des retards significatifs et ont abouti à des réalisations disparates entre les différentes entités minières.
L’activité minière, de par sa nature, produit différents impacts sur l’environnement à des degrés d’importance différents. En réponse à ces impacts et afin d’en atténuer l’effet, la société a lancé, en 2013, un programme d’excellence environnementale composé de trois catégories d’actions couvrant toutes les activités du groupe. Cependant, certaines insuffisances restent à rattraper en matière d’impact sur l’environnement.
Dans ce contexte, la Cour des comptes recommande à l’OCP d’améliorer le système de planification de l’activité minière en mettant en place des processus appropriés et formalisés, développer le système de programmation de la production, procéder à des études de pertinence des valeurs des rendements et heures de marches du parc matériel, retenues dans la détermination de la capacité des mines ainsi qu’activer la mise en œuvre des actions pour la résolution des problèmes récurrents identifiés dans les laveries qui occasionnent des pertes en continu et impactent leurs performances. En matière d’impact environnemental de l’activité minière, la Cour des comptes recommande à l’OCP de développer et de mettre en œuvre des plans plus importants de traitement des terrains exploités permettant de résorber dans un horizon raisonnable le cumul des terrains non encore traités.
Pour rappel, OCP.SA est la première entreprise marocaine à dimension nationale et internationale, et le premier exportateur des phosphates et dérivés au niveau mondial. Le groupe OCP, qui emploie plus de 20.000 collaborateurs, a réalisé, en 2017, un chiffre d’affaires de 48,5 milliards de dirhams, contribuant, ainsi, à hauteur de 17% aux exportations du Maroc et à hauteur de 18% dans ses réserves en devises. Le chiffre d’affaires réalisé se compose à hauteur de 19% des ventes du phosphate en roche, 24% d’acide phosphorique et 57% d’engrais phosphatés. L’essentiel de ce chiffre d’affaires est réalisé à travers l’export.