L’obligation vaccinale contre la Covid-19 pour tous les adultes reste encore un fait rare dans le monde. Dans certains pays, elle concerne le plus souvent des populations ciblées, comme les soignants. Le comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de la Covid-19 en Algérie veut rendre impératif le vaccin et imposer le passe sanitaire.
Alors que l’Algérie a connu une troisième vague de contaminations mortifère, seuls 12,2 % de la population, soit environ 5,34 millions de personnes, sont complètement vaccinés, selon des données agrégées par la Banque mondiale. Dans la panique internationale provoquée par l’apparition du variant Omicron, l’Algérie réfléchit sérieusement à rendre le vaccin anti-Covid obligatoire selon ses autorités sanitaires, en dépit de résistances fortes, s’attirant déjà les foudres de l’opinion publique.
Le 30 novembre, le comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie a annoncé qu’il allait rendre obligatoire la vaccination pour tous les adultes, en plus d’imposer un passeport sanitaire. Pourtant, en octobre, «s’exprimant sur ce sujet lors d’une rencontre périodique avec les représentants des médias nationaux, le président Tebboune a exclu le recours à la vaccination obligatoire dans le cadre de la lutte anti-Covid-19», avait rapporté l’agence APS.
L’Algérie, selon des informations réitérées, compte annoncer dans les prochains jours une série de mesures restrictives afin d’accélérer la campagne vaccinale pour lutter contre la probable propagation du variant Omicron. Avant quelques mois, des internautes algériens ont partagé des vidéos de familles paniquées car ne trouvant pas de lit pour leur proche, de soignants craignant la pénurie d’oxygène (qui s’est étendue par la suite), et de corps entassés dans des morgues débordées. La situation était si tragique au point que les autorités ont réquisitionné les entreprises exerçant dans le transport et la production de l’oxygène liquide.
Dans une intervention à la télévision, début août, Abdelmadjid Tebboune a appelé ses concitoyens à «affluer massivement vers les points de vaccination anti-Covid». L’objectif affiché par le gouvernement est d’atteindre le seuil des 60 % de vaccinés dans le pays, en visant les régions à forte densité démographique, notamment Alger, Oran, Sétif et Constantine. Pour le moment, le président mal élu n’a pas été entendu.
L’Algérie peine à immuniser le population alors que près de 8 000 centres de vaccination sont déclarés opérationnels. Abdelmadjid Tebboune a insisté sur la nécessité d’avancer la mise en service de l’usine de production locale du vaccin Sinovac qui devait être fabriqué dès septembre par le groupe pharmaceutique public Saidal, à hauteur de 2 millions de doses par mois, dans le cadre d’un partenariat avec la Chine. Pour le moment, ce n’est qu’un effet d’annonce.
Selon les sources de Barlamane.com, il ne s’agit en somme que du conditionnement du sérum dans des contenants aseptiques, sa fermeture, son étiquetage et enfin l’emballage.
Alors qu’il entretient le mystère sur les vrais chiffres de la pandémie, le gouvernement algérien s’efforce de renforcer sa communication en matière de politique sanitaire. Des mosquées accueillent des opérations de vaccination, des spots publicitaires mettant en scène des personnalités avec leur carnet de vaccination, mais les Algériens restent méfiants et peu motivés.
Les hôpitaux publics algériens, déjà démunis en temps normal en raison d’une corruption endémique, d’une mauvaise gestion et d’un manque de moyens, ont appelé à l’aide au début de l’été pour obtenir notamment des équipements de protection et instruments pour la réanimation afin de faire face au variant Delta, qui a ravagé le pays.