Le régime algérien a laissé de nombreux ressortissants bloqués à l’étranger, et notamment en France, souvent dans des conditions dramatiques. De nombreuses personnes, sans famille et sans revenus, se sont même retrouvés à la rue. Certaines familles n’ont pas pu assister aux obsèques d’un proche faute de pouvoir se rendre au pays.
Des milliers d’Algériens bloqués à l’étranger multiplient les appels à l’aide, avec lettres ouvertes et pétitions aux plus hautes autorités de leur pays et ainsi que des récits de détresse sur les réseaux sociaux, alors que le régime a musclé les conditions d’entrée sur son sol de ses ressortissants bloqués à l’étranger en raison de la pandémie de Covid-19. Les mesures du gouvernement algérien ont provoqué l’ire des Algériens établis ou bloqués à l’étranger, notamment en France, où des centaines d’entre eux manifestent quotidiennement devant des consulats de l’Algérie, pour protester contre les conditions imposées pour regagner le pays.
«Sur les réseaux sociaux, les plaintes et complaintes de citoyens se sentant désabusés font tâche d’huile. Le plus insupportable est sans doute le manque criant d’information, ce qui laisse le champ libre aux discours les plus alarmistes. Actuellement, le site Visas Voyages Algérie déconseille tout simplement aux Algériens de voyager entre l’Algérie et la France», écrit le site Slate, ajoutant que «Les autorités des deux pays (le France et l’Algérie) semblent ne pas avoir tiré les enseignements des aléas qu’avaient provoqué, dès mai 2021, les mesures draconiennes qui avaient été prises à l’époque. De nombreuses fausses informations avaient circulé à propos des modalités d’entrée, notamment à propos des frais d’hébergement, ce qui désorientait littéralement les passagers.»
À l’heure actuelle, seuls dessertes quotidiennes partent de Paris vers l’Algérie. La nombreuse diaspora algérienne proteste depuis plusieurs semaines contre les conditions de retour draconiennes en Algérie. «Un protocole dissuasif, à dessein : dans le pays, les tests PCR pour détecter le Covid-19 ne sont pas assez nombreux. Les stocks restent à l’heure actuelle trop bas pour faire tester tous les Algériens de retour en Algérie. Par ailleurs, les tests PCR coûtent cher et ne sont pas remboursés. Le prix d’un test virologique varierait entre 11 000 et 88 000 DA, (entre 68 et 550 euros selon le prix plafond fixé). Les prix explosent particulièrement dans les laboratoires privés du pays», note TV5 Monde.
Pour pouvoir se rendre en Algérie, note la même source, «il faut une autorisation et un motif valable. Une démarche en plusieurs étapes : aller directement dans un consulat algérien ou à l’ambassade d’Algérie en France, copie du passeport algérien, justificatif du motif de rapatriement (s’il existe) et numéro de téléphone en main. Trois ou quatre jours plus tard, il faut ensuite se rendre sur une plateforme d’Air Algérie, rentrer son numéro de passeport et attendre de voir son nom passé « au vert ». Dans ce cas, cela signifie que l’on est dûment inscrit sur la liste de rapatriement. Air Algérie contacte alors, en théorie, les intéressés en proposant les premiers vols disponibles. Le départ est alors possible à condition d’effectuer un test PCR moins de 72 heures avant le vol.»
«Pourquoi y a-t-il maintenant cette double exigence, à savoir pass sanitaire et test PCR négatif? La hantise de l’arrivée par le sud du nouveau variant sud-africain, Omicron, n’explique sans doute pas tout. Il faut savoir que la France classe toujours l’Algérie dans la zone orange en matière de risque sanitaire dû à la pandémie du Covid-19, mais aussi, autre aspect jamais oublié en ces temps de crise sanitaire, en matière de risque terroriste», précise Slate.
La situation est intenable. Des groupes Facebook intitulés «Rapatriement d’Algériens bloqués en France» et «Algériens bloqués à travers le monde» donnent des conseils sur les démarches à suivre auprès des consulats. En 2020, plusieurs millions d’Algériens de l’étranger ont dû composer avec le bouclage des frontières et la suspension des vols commerciaux et des liaisons maritimes. Les autorités ont organisé, souvent dans des conditions chaotiques, des vols de rapatriement pour leurs ressortissants, sous conditions (décès, un parent dont le pronostic vital est engagé, un problème judiciaire, etc.).