Et si on parlait éducation…
À l’heure où plusieurs jeunes se plaignent d’un chômage grandissant, d’un manque d’opportunités, la nouvelle réforme de l’éducation au Maroc dit s’appuyer sur 3 principaux leviers : l’égalité des chances pour tous les élèves, l’amélioration de la qualité de l’enseignement et la transformation du rôle de l’école et de l’enseignant.
Le système éducatif a pris une toute nouvelle tournure depuis plusieurs décennies maintenant ; une surcharge ‘’inutile’’ sur le plan de la programmation, soit dit en passant archaïque, un manque d’ouverture sur le monde, un niveau linguistique très faible et surtout très inquiétant.
Un système éducatif qui n’apprend pas à l’enfant comment comprendre, mais plutôt comment apprendre.
Apprendre machinalement sans positionnement, sans visions.
Un enfant (né entre la fin des années 80 et les années 90) a appris au lycée les caractéristiques géographiques du Brésil, la reproduction chez les insectes… Sans parler des cours d’histoire qui font voyager plusieurs siècles en arrière, et n’offrent à l’étudiant aucune visibilité sur le monde qui l’entoure.
L’histoire, c’est certes synonyme de ‘’passé’’, le ‘’passé’’ nous apprend à mieux comprendre d’où on vient, et où l’on va, mais si on donne à un étudiant des tonnes de manuels aux couleurs fades et aux textes écrits en tout petit caractère, avec en plus de cela une méthode mécanique dans la façon d’exposer les faits, il finira par n’avoir aucune connaissance sur son histoire et par la même occasion, aucune connaissance sur le monde où il vit.
L’école primaire elle, passe plus de temps à établir la liste de fournitures que l’enfant doit se procurer : cahiers de toutes tailles, couvertures plastifiées de toutes les couleurs, manuels qui poussent les parents à se noyer dans des crédits de consommation à ne pas en finir et dans le meilleur des cas, une vingtaine de stylos et de crayons.
L’enfant se retrouve ainsi avec un cartable d’universitaire qui fait le double de sa taille, stressé d’oublier un cahier ou une couleur. La soif d’apprendre, la curiosité innée d’un enfant se dissipe au fur et à mesure des jours. On se retrouve avec un enfant fatigué, aucune brillance dans les yeux, des parents qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, et au bout de quelques années, au moment du passage au collège : Un enfant qui n’arrive pas à écrire une phrase correcte, après chaque faute d’orthographe, une nouvelle faute qui nous fait oublier la précédente.
Cet enfant même passera au lycée, avec un bon sac de lacunes, aucun niveau intellectuel, aucune ambition, suivra la foule.
Il se verra bourrer le cerveau par un manque d’orientation, privilégiant une orientation à une autre. ‘’Littéraire ? Non surtout pas, la littérature c’est pour les nuls, tu as vu l’enfant des voisins il a fait sciences maths… ‘’Tbarkallah’’… Orientation scientifique ou rien… Sciences ça rend fier, ça sonne bien’’.
Sinon c’est ‘’économie’’ pour ceux qui décident de choisir le juste milieu entre la grandeur des sciences et la ‘’bassesse’’ de la ‘’littérature’’.
Alors cet enfant devenu maintenant un jeune homme (à qui on n’a pas appris à comprendre mais à apprendre) va finir par opter pour ce que son entourage lui dicte. Va pour une orientation scientifique, il passe son Baccalauréat, après être passé par des centaines d’heures de cours de soutien, ses parents toujours autant endettés. Il le décroche avec mention « assez bien » .
Il cherche désormais une école supérieure publique de préférence, comme celle que l’enfant des voisins a pu intégrer, les seuils trop élevés ; dernier recours : La fac ; qui s’est malheureusement transformée en bouée de sauvetage, le refuge .. Quoi ! pour tous ceux qui n’ont pu accéder à aucune école, faute de moyenne ou de moyens.
Une faculté qui accueille plus qu’elle ne le devrait : On suppose que chaque amphithéâtre a une capacité de 500 étudiants, on y retrouvera 1000 étudiants (pour ne pas dire plus) entassés les uns sur les autres, un professeur qui passe en coups de vent, qui n’a même pas de micro , qui crie pour qu’on puisse l’entendre là bas, au fond de la salle, qui finit par se rouiller les cordes vocales au bout de deux séances, et qui décide de ne plus revenir.
Il n’a pas obtenu un doctorat pour l’accrocher dans son salon, mais plutôt pour assurer son avenir, partager son savoir, et enseigner dans de bonnes conditions comme ce qu’on voit à la télévision : une salle climatisée, des étudiants avec des tablettes, des ordinateurs portables, un échange, un partage… Retour violent à la réalité ; étudiant démotivé, professeur déçu noyé dans une désillusion sans pareil.
Ce jeune homme va finir par obtenir un diplôme universitaire, pas comme celui du fils des voisins, et sans aucune connaissance.
Et si on cherchait un travail, il serait temps…
Ministères ? Sociétés ? Un bon boulot étatique avec CNSS à l’appui, et là au moins il bénéficiera d’une stabilité financière. Et ben non, après plusieurs CV déposés, d’entretiens passés, et d’argent des parents (toujours endettés je le rappelle) , il finit par rester chez lui, aux crochets de ses parents, ou dans le meilleur des cas : Un centre d’appel qui finira par délocaliser ses locaux pour les implanter dans un pays où il fera des économies en payant ‘’moins’’ ses téléconseillers/ téléconseillères…
Moralité de l’histoire : Rien ne se répare du haut de la pyramide ; si on n’éduque pas bien et conformément aux normes universelles nos enfants, leur offrant ainsi une éducation riche qui fait éveiller les atouts de chacun et les oriente vers ceux que « EUX » savent le mieux faire, on se retrouvera avec des jeunes paumés, des victimes d’un système, des jeunes pleins de haine, de mépris pour les autres, qui n’ont rien à perdre et donc s’orientent vers la criminalité. Et cet enfant même peut un jour alors que TU te balades en plein jour, se pointer, couteau à la main pour te voler ton téléphone et tes quelques billets.
Donnons à nos jeunes des stylos…