Le débat houleux axé sur la généralisation du « pass sanitaire » s’intensifie jour après jour au Maroc. Un bon nombre de marocains rejette l’idée de se faire obligatoirement vacciné, qui représente pour eux une atteinte aux libertés personnelles. Les citoyens vont-ils, à leur tour, comme en France, entamer les manifestations massives ?
Le Dr Tayeb Hamdi, chercheur en politiques et systèmes de santé, avait expliqué, lors d’un entretien, que le but de l’extension du pass vaccinal n’est pas de limiter la liberté des gens, mais plutôt d’arrêter la propagation du virus, et soutient le l’obligation vaccinale.
Pour sa part, le Pr Azeddine Ibrahimi, directeur du laboratoire de biotechnologie de la faculté de médecine et de pharmacie de Rabat et membre du Comité scientifique et technique de la vaccination, « L’Etat se doit de veiller à la sécurité sanitaire de tous les citoyens » affirme-il, avant de souligner que « ce débat est sain. Il a été entamé dans d’autres pays avant le nôtre, et il en ressort que la liberté s’arrête là où commence celle des autres. ».
Pour l’heure, les voix du peuple se font encore discrètes, mais à l’approche de la rentrée scolaire, et suite à l’élargissement de la campagne de vaccination aux 12-17 ans, les protestations ne devraient plus se faire attendre.
A cet effet, plusieurs écoles dans le Royaume appellent les étudiants concernés par cette tranche d’âge à se vacciner pour la rentrée universitaire 2021-2022. Ainsi, la rentrée en septembre sera conditionnée, dans ces écoles, par la présentation d’un test PCR négatif ou d’un justificatif de vaccination portant au minimum sur la première dose du schéma vaccinal préconisé par les autorités de santé. Comment vont réagir les parents encore indécis, ou qui ne veulent pas administrer à leurs enfants un vaccin dont ils ne sont pas sûrs ?
Doit-on s’attendre à une révolte populaire ?
« Je ne veux tout simplement pas me faire vacciner, et je suis libre de décider pour moi-même » : se révolte Zoubida, âgée de 58 ans.
D’autres revendiquent le choix des vaccins disponibles : « J’attends le retour d’Astrazeneca, je ne suis pas confiante par rapport à Sinopharm, d’autant plus qu’il n’est pas accepté partout si jamais je veux partir à l’étranger » : laisse entendre Fouad, jeune salarié de 35ans.
Quand certains restent indécis : « Je ne sais pas encore, je n’ai pas pris de décision et je ne veux pas qu’on me force non plus » :
Rappelons que tout récemment, le Maroc a entamé sa chasse aux faux pass sanitaires. A cet effet, il a été décidé de limiter l’accès au Maroc uniquement aux personnes détentrices d’un pass sanitaire pour les pays qui disposent de ce document, et pour les autres pays, un pass vaccinal ou un test PCR négatif de moins de 48 heures, conformément au protocole en vigueur.
Il a été également décidé de renforcer les contrôles à l’embarquement et à l’arrivée au royaume et de poursuivre en justice toute personne détentrice d’un document sanitaire falsifié ou impliquée dans sa falsification.
Ainsi, la présentation d’un test PCR négatif ou d’un justificatif de vaccination portant au minimum sur la première dose du schéma vaccinal préconisé par les autorités de santé, sera obligatoire.