Le Maroc a été cité pour avoir prétendument utilisé le programme informatique conçu par la société israélienne NSO, ce qu’il dénonçait comme des «allégations mensongères et infondées». Les avocats du royaume ne lâchent pas l’affaire.
Le tribunal de Paris a déclaré irrecevables les poursuites en diffamation intentées par le Maroc contre des ONG et médias français ayant péroré sans preuve sur le recours par Rabat au logiciel d’espionnage Pegasus, Les avocats du Maroc ont exprimé son intention de faire appel.
Concernant sa réaction à la décision du tribunal de Paris, Mᵉ Rodolphe Bosselut, avocat de Rabat, a déclaré qu’elle a «était un peu attendue» parce que «depuis le début que les médias mettent en place des moyens purement procéduraux pour éviter de répondre à la question essentielle : les propos largement diffamatoires ont-ils un début de commencement de preuve ?». Selon des déclarations accordées au journal Le Progrès, «l’irrecevabilité a été soulevée au motif qu’un État ne peut pas agir pour défendre ses intérêts. Sauf que nous agissons pour défendre les intérêts des services secrets marocains, qui sont gravement mis en cause et qui n’ont pas de personnalité morale.»
«Si l’État français voit un de ses services gravement diffamé – je pense à la police nationale qui n’a pas de personnalité morale – il va agir pour obtenir réparation. Pour l’État marocain, ça n’est pas possible. Il y a une forme de chauvinisme judiciaire», tempête l’avocat avant d’ajouter : «On va inscrire un appel à l’encontre de ces jugements.»
Pour l’avocat, aucune preuve n’étaye les accusations contre le Maroc. «On parle d’une première liste de téléphones, qui seraient potentiellement infectés par Pegasus, dont on n’a jamais vu le début du commencement de la couleur. On ne sait pas d’où elle vient, ce qu’elle contient. Rien n’est produit, hormis un prétendu “ rapport d’expertise”. Or, nous avons fait une contre-expertise, qui considère que les déductions prétendument scientifiques faites par le laboratoire n’en sont pas», a-t-il détaillé
Il précise que «les derniers éléments de l’enquête disent qu’il y aurait des suspicions d’infections éventuelles de téléphones de deux hauts fonctionnaires français, sans pour autant qu’on puisse en déduire quoi que ce soit.» Il rappelle que Pegasus «n’a jamais été acheté par le Maroc, qui ne l’a donc pas utilisé pour écouter le président de la République, le Premier ministre, etc.»
«On a des États comme l’Espagne ou l’Allemagne qui ont reconnu qu’ils utilisaient Pegasus. On n’a pas fait beaucoup d’enquêtes vis-à-vis d’eux. On a un État qui indique ne jamais l’avoir utilisé et c’est sur lui que se concentre principalement la campagne de presse. On est un peu étonné», a-t-il souligné.
L’avocat pointe «des accusations d’une gravité évidente» et exprime son étonnement à la suite de la «défausse procédurale, qui empêche un tribunal d’écouter les uns, les autres, de regarder ce qu’ils ont à produire.» Pour lui, «quand on avance des choses aussi graves, on les établit, sans quoi on ne le fait pas. C’est le principe de la liberté d’expression. Elle est totale, mais à un moment, il faut rendre des comptes sur ce qu’on a dit qui pourrait s’avérer être diffamatoire. Je ne peux pas exclure qu’il y ait, au travers de cette campagne de presse, une opération de déstabilisation.»
Il note également que «le rapprochement du Maroc avec Israël a été assez peu goûté par certains de ses voisins. Toute cette communication s’est faite à un moment où se joue aussi quelque chose sur le Sahara occidental.»