La saga portant sur un prétendu espionnage de journalistes dont l’infiltration de téléphones par le logiciel Pegasus a été révélé dimanche par un consortium de médias connaît de nouveaux rebondissements.
L’enquête controversée publiée par un consortium de plusieurs médias internationaux démontre des signaux de faiblesse et paraît avoir été téléguidée. La liste obtenue par les organisations Forbidden Stories et Amnesty International et qui comprend, selon eux, 50 000 numéros de téléphone sélectionnés en vue d’une prétendue surveillance potentielle a été repensée, affirme le journaliste Reda Zaireg, accusant à demi-mot l’OCCRP, un rassemblement de journalistes internationaux, de servir la cause de quelques noms précis qui permettent un bon retour sur investissement. M. Zaireg s’est montré réservé sur les publications issues de Forbidden Stories et a vivement répondu aux multiples actualisations de leurs révélations.
«Cette histoire de Pegasus est à l’image des relations Nord-Sud en général» écrit Reda Zaireg dans un long post sur Facebook. «Mon nom figure-t-il ou pas parmi celui des personnes touchées ? Forbidden Stories dit que non dans un premier temps. Puis l’OCCRP dit oui, puis en fait non: le 19 juillet dans l’après-midi, j’ai mon nom dans la liste de l’OCCRP, le 19 juillet au soir, gros toilettage de la liste en question. De 27 noms on passe à 16 : il ne faut garder que ce qui est bankable, ce qui est en prison, ce qui est AFP, ce qui est poil à gratter du point de vue français, point de vue qui ne comprend guère comment se structure le jeu ici, et quelques petites exceptions. Donc on fait du cherry-picking et on supprime onze. Ces onze ne cadrent pas avec le récit ou avec le narrative qu’on souhaite promouvoir (profils plutôt « modérés », pas d’antécédents de répression connus, etc)» s’étrangle Reda Zaireg, qui peine à contenir son étonnement scandalisé.
L’OCCRP est un consortium de journalistes internationaux, financé par plusieurs donateurs privés ainsi que des organes gouvernementaux. Ses soutiens comportent aussi des organisations humanitaires, dont l’Open Society Foundation financée par le milliardaire George Soros.
«Mon nom, chasse d’eau. Amateurisme du côté de Forbidden Stories comme de l’OCCRP. Ce traitement tranche avec notre disponibilité, chaque fois que des journalistes FR nous demandent des infos, des renseignements, des contacts, voire des explications qui prennent des heures, ou carrément un angle d’article, pour traiter d’un pays dont ils ne comprennent généralement que dalle» s’emporte le journaliste qui use d’une verve mordante pour condamner un traitement à deux vitesses.
«J’espère que les journalistes marocains se feront une raison, et en tireront les conclusions qui s’imposent: pensez à vos tronches à l’avenir, pensez gagnant-gagnant. Le journalisme ne connaît pas le volontarisme ni le désintéressement, même quand ces principes feraient partie des fondements théoriques du métier. Si quelqu’un veut venir bosser sur le Maroc, qu’il se démerde seul. Ça nous fera des papiers drôles et complètement approximatifs à lire ensuite» a-t-il conclu.
Cette enquête finira-t-elle finalement par sombrer après la prise de distance de plusieurs journalistes ? Outre les principales critiques qui portaient sur la fiabilité des données de cette étude collectées par certaines ONG, réputées pour leur hostilité préméditée et systématique contre le Maroc.