Rabat a décidé d’«opter pour une démarche judiciaire, au Maroc et à l’international contre toute partie reprenant à son compte ces allégations fallacieuses». Un reportage de la chaîne 2M dévoile l’inanité des accusations contre le Maroc.
Le Maroc, cité comme utilisateur du logiciel d’espionnage Pegasus, a décidé d’attaquer en diffamation Amnesty et Forbidden Stories, ainsi que d’autres médias devant le tribunal correctionnel de Paris. La deuxième chaîne marocaine a consacré un reportage qui accable leurs pseudo-révélations. «L’État marocain considère faire face à une nouvelle affaire de liste et que le passé a largement démontré qu’il était aisé de tirer des conclusions mensongères de telles pratiques», ajoute l’avocat, déplorant un «procès d’intention médiatique, infondé et visiblement créé de toute pièce pour déstabiliser la relation diplomatique profonde entre le Maroc et la France», avait déclaré l’avocat du Maroc.
Les numéros sélectionnés pour un éventuel ciblage par Pegasus n’ont jamais été authentifiés. Un fait encore plus grave : l’Office fédéral allemand a acheté fin 2019 le logiciel israélienpour espionner des hommes et femmes politiques, journalistes ou encore des chefs d’entreprises via leur téléphone portable, ont révélé les médias allemands Die Zeit et Süddeutsche Zeitung. Cette acquisition auprès de la société israélienne NSO Group a été confirmée de source parlementaire lors d’une réunion de la commission de l’Intérieur au Bundestag, la chambre basse du parlement allemand. Pourtant, les médias qui ont accablé le Maroc ne se sont attardés que très timidement à l’utilisation de la police criminelle de Pegasus, confirmée pour écouter des communications téléphoniques. Aucune précision n’a été en revanche donnée concernant une éventuelle utilisation par les services de renseignements.
Amnesty international a profité de cette affaire pour réclamer «des règles urgentes sur les marchés publics qui obligent les organismes publics à prendre en compte les antécédents des entreprises en matière de droits de l’homme lors de leurs achats». Cette ONG, pour rappel, mène un combat judiciaire contre NSO depuis 2018.
Plusieurs intervenants, dont François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique, Christian Cambon, président du groupe d’amitié France-Maroc, ou encore Olivier Baratelli, se sont exprimés sur cette affaire. «Au moment où je vous parle, on n’a pas encore reçu, pour le moment, la liste des numéros de téléphone infectés. Ce sont des allégations diffamatoires que nous contestons», a avancé Rodolphe Bosselut, avocat du Maroc en la personne du ministre marocain de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, lequel a déposé à Paris une plainte en dénonciation calomnieuse à l’encontre de Mediapart et de son directeur de publication Edwy Plenel.
«La presse mondiale indexe principalement le royaume dans cette affaire aux multiples zones d’ombre. Pourquoi des publications internationales prestigieuses n’ont pas vérifié les données ?», a-t-on affirmé. Un problème de taille : les supposées révélations de rédactions internationales ne s’appuient que sur des éléments collectés par Amnesty International. C’est-à-dire qu’aucun travail de vérification n’a été mené en amont par les médias qui ont parlé de l’affaire. Le Monde, par exemple, écrit très sérieusement que «deux services de renseignement marocains ont pu se partager l’accès au logiciel de la société israélienne NSO Group» et que «les cibles de Pegasus pour le compte du Maroc recoupent en partie les centres d’intérêt de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), le principal service de renseignement extérieur du pays, chargé notamment du contre-terrorisme», sans avancer l’ombre d’une preuve.
«Le Maroc a le droit de défendre l’honneur terriblement bafoué de ses services de renseignement» par des «journalistes irresponsables», a plaidé l’avocat du Maroc, Olivier Baratelli. Le tribunal rendra sa décision le 25 mars sur la recevabilité des poursuites engagées par l’État marocain contre des ONG et des médias français derrière la cabale antimarocaine.