Les systèmes de protection sociale aident les individus et leurs familles, et plus particulièrement les ménages pauvres et vulnérables, à affronter les crises et les chocs, trouver un emploi, gagner en productivité, investir dans la santé et l’éducation de leurs enfants et protéger ceux qui vieillissent. Ainsi, la protection sociale est l’un des facteurs fondamentaux de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, et contribue fortement au développement et à la cohésion sociale, là où elle est réellement protectrice et intégratrice.
La protection sociale a longtemps été considérée comme un instrument peu approprié pour les pays en développement. Toutefois, et avec l’adoption des Objectifs de Développement Durable de l’ Agenda 2030, elle est devenue une nouvelle priorité pour les décideurs afin de mieux éclairer les politiques publiques en matière d’élaboration des stratégies nationales de réduction et de lutte contre la pauvreté et l’exclusion. À travers les résultats de l’Enquête nationale sur la perception par les ménages de quelques cibles des principaux Objectifs de Développement Durable (2016), de l’Enquête nationale sur les jeunes (2012), et de l’Enquête nationale sur le bien-être (2012), la présente contribution vise à analyser les opinions des citoyens âgés de plus de 18 ans sur le système de protection sociale, de comprendre leurs préoccupations et attentes par rapport aux prestations de sécurité sociale et de définir les solutions qu’ils proposent pour surmonter les déficits inhérents à ce système.
D’ailleurs, presque un Marocain sur deux n’est pas au courant de l’existence des programmes sociaux de lutte contre la pauvreté Actuellement, malgré l’existence de certains dispositifs clé de lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité, les Marocains sont encore moins conscients de l’existence de ces programmes. D’autant plus qu’ils n’en bénéficient que peu. Interrogés sur la connaissance des programmes publics de soutien aux pauvres, 47,6% des Marocains déclarent connaître ces programmes. Parmi eux, 37 % ont cité l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), 25,2% le programme d’aide aux veuves, 23,9% le programme « un million de cartables » et 7,9 % le programme Tayssir.
Dans le monde urbain, le classement des programmes cités reste le même qu’au niveau national, respectivement 41,5%, 26,3%, 21%, 6,1%. Dans le monde rural, le programme « un million de cartables » vient en tête des citations avec 29,2%, suivi par l’INDH, 28,7%, le programme d’aide aux veuves, 23%, et Tayssir, 11,2%. Comparés selon leurs statuts socioprofessionnels, ce sont beaucoup plus les ouvriers non qualifiés qui ne sont pas au courant de l’existence de ces programmes (59,8 %), suivent les exploitants agricoles, pêcheurs, forestiers et chasseurs (52,1 %), artisans et ouvriers qualifiés (51,6%), les chômeurs (51,1%), les commerçants et les intermédiaires (49,9%) et enfin les cadres moyens et les cadres supérieurs et responsables hiérarchiques (respectivement 33,7% et 20,9%).
Il convient de noter que la préoccupation croissante des Marocains pour le financement des retraites est intergénérationnelle, mais davantage portée par les personnes d’âge actif. Lorsqu’on les interroge sur les préoccupations en matière de protection sociale, les moins de 29 ans se soucient principalement de l’emploi (66%, contre 37% chez les 60 ans et plus), suivi de la prise en charge des pauvres et de l’indemnisation du chômage (29,8 %). En revanche, chez les personnes âgées, c’est la question de la couverture sociale et le financement des retraites qui constituent la principale inquiétude (63,4%).