Les islamistes du PJD, fragilisés par les couacs de la crise sanitaire et un encombrant bilan, ont essuyé un camouflet inattendu dans trois élections particulièrement scrutées.
Au Maroc, le PJD, qui détenait la tête de l’exécutif, a essuyé de son côté une retentissante déroute électorale au scrutin législatif du 8 septembre, son capital de sièges à la Chambre des représentants s’effondrant de 125 à treize. «On se doutait que le PJD perdrait son “électoratcalcaire” mais on pensait que son “électoratgranit” résisterait mieux», a souligné la politologue marocaine Mounia Bennani-Chraïbi.
Selon le journaliste Fréderic Bobin, le PJD a entériné «des décisions économiques et sociales impopulaires.» Le PJD est devenu un parti «englué dans les contraintes de la realpolitik, [a] paru tourner le dos aux aspirations populaires». «Le divorce progressif d’avec leur électorat dépité» était très attendu.
La déroule du PJD est explicable selon le journaliste Réda Dalil : «incompétence dans la gestion des villes, inaptitude à moraliser la vie publique, hypocrisie au niveau des mœurs, tendance à avaler des couleuvres sans sourciller… Bref la liste des tares est interminable, Avec ses 13 sièges, le PJD ne peut même pas constituer un groupe parlementaire. Idéologiquement verrouillé, le parti ne s’est jamais ouvert aux compétences extérieures. Tel une secte, il a placé les militants pur jus à des postes dépassant de loin leur seuil de compétences et prêté le flanc à l’échec.»
La PJD est nu. Il a tout perdu, même le soutien de sa base arrière idéologique, le Mouvement unicité et réforme [MUR]. Ce qu’on avait décrit comme un véritable ancrage dans la société, à travers un ribambelle d’associations qui profitaient des deniers publics, n’était en effet qu’un mirage. Inutile de dire que MUR, qui s’est invité publiquement dans plusieurs chantiers de société, y compris le débat parlementaire autour du projet de réforme de l’enseignement, a essuyé lui aussi des désaveux cinglants.