Le nerf de l’Etat social c’est la qualité du système public et l’égalité des chances. Car les indicateurs de développement et des taux de PIB, sont révélateurs de la valorisation de l’élément humain dans les politiques publiques ; concept qui est au cœur de tous les programmes des partis politiques version 2021, qui ont adhéré au pacte national du Nouveau Modèle de Développement (NMD) feuille de route du pays à l’horizon 2035.
L’égalité des chances est consacrée dans la Constitution en son article 31. L’article 136 de la Constitution, stipule également la nécessité de favoriser les conditions de la contribution citoyenne au développement humain
Cette nécessité constitutionnelle est portée, en grande partie, par le Nouveau modèle de développement, à travers le concept de l’Etat social, qui n’est désormais plus l’apanage des partis de gauche. La majorité, RNI, PAM et PI, soit respectivement des partis de l’administration, centriste et conservateur, en ont fait leur feuille de route gouvernementale. Toutes les formations partisanes avaient fait des recommandations de la CSMD (commission spéciale sur le Modèle de Développement) l’essentiel de leurs programmes politiques en vue des échéances électorales de 2021. Tous les chantiers royaux, y tendent. Actuellement, la généralisation de la couverture sociale en est la résultante d’envergure la plus patente.
L’égalité des chances passe également par un certain nombre de programmes auxquels un budget de l’Etat est alloué dont l’égalité territoriale, la réforme du système éducatif, la réforme de la justice, notamment à travers l’indépendance du corps judiciaire à laquelle la société civile a largement contribué. Il faut le reconnaître, des avancées et des acquis sont actés dans ces grands chantiers, toujours en cours.
Cependant, certains de ces programmes sont voués à rester à la traîne, en l’absence d’un sursaut politique et juridique, comme l’égalité des sexes, telle que définie dans l’article 19 de la Constitution. Cette question d’égalité, il faut le souligner, demeure la grande absente des programmes électoraux pour les élections qui ont eu lieu en septembre 2021.
Le préalable des mentalités à faire d’abord évoluer pour arriver au bout de résistances dogmatiques à travers la parité, a fait des adeptes, sans convaincre toutes les parties prenantes, mais il est dépassé aujourd’hui. Certes, le Fonds de la Commission pour la parité et l’égalité des chances mis en place par l’Etat en 2012 et doté d’un budget de 160 millions de dirhams, a fait bouger des lignes et a permis une meilleure représentativité de la femme au Parlement. Il a été suivi de la création de l’Autorité pour la Parité et la Lutte contre toutes formes de Discrimination, inscrite dans l’article 19 de la Constitution et promulguée par Dahir le 21 septembre 2017 et publiée au BO le 1er février 2018.
Cependant, l’absence de définition claire de concepts tels que discrimination ou égalité ainsi que les ententes et résistances politiques montrent que pour résorber les inégalités en droits sociaux, économiques, politiques auxquelles font face les femmes, les mécanismes de parité se sont révélés insuffisants. A titre d’exemple, l’obligation de représentativité féminine aux conseils communaux selon le quotas du tiers au minimum n’est pas atteinte.
Si l’on s’en tient uniquement aux incidences économiques sur le pays, le rapport de la CSMD avait établi que l’égalité hommes-femmes, «notamment en matière d’accès à l’emploi, générerait un supplément annuel de croissance du PIB entre 0,2% et 1,95%».
Il y a urgence à le faire. Si la Constitution dispose de mécanismes visant à garantir l’engagement des pouvoirs publics à œuvrer pour créer les conditions de l’effectivité de l’égalité des sexes, ainsi que la pleine participation à la vie politique des deux sexes, le classement 2021 du Global Gender Gab, établit le recul du Maroc d’une place, en matière d’égalité et de parité. Cela traduit une chose : la question de la femme est hautement politisée. Il est temps que les politiciens, justement, prennent en compte le frein au développement socio-économique du pays que le statu quo sur sa situation actuelle sur tous les plans, entraîne. Car l’égalité hommes-femmes comme l’Etat social, ne sont pas juste des slogans, mais des nécessités.