Le gouvernement avait décidé de prendre des mesures d’austérité en vue d’atteindre ses objectifs budgétaires cette année. Sauf que cette cure anti-crise, d’une rigueur draconienne, n’était pas sans susciter des inquiétudes.
La crie sanitaire actuelle a gravement altéré les conditions d’après lesquelles le gouvernement a coutume d’asseoir le calcul des recettes et des charges publiques. Le conseil de gouvernement réuni pour délibérer sur le projet de décret-loi 2.20.320 en présence du chef du pouvoir exécutif, Saad Dine Otmani, a retiré la question sur la réduction des engagements de l’Etat à certains frais essentiels d’administration courante de l’ordre du jour. Le surpassement du plafond de 31 milliards de dirhams de l’endettement extérieur, une des principales dispositions de la loi de finances 2020, a été discuté.
Barlamane.com/fr a appris que le gouvernement s’est interdit tout débat de quelque ampleur sur cette question fondamentale ; se limitant à une procédure d’expédients. Dans le contexte du coronavirus, de la chute des réserves en devises et de la crise du tourisme, le gouvernement comptait adopter un plan anti-crise face à l’urgence de la situation sanitaire et qui envisagerait, selon les premiers éléments ayant filtré, des coupes dans les dépenses publiques et de diriger les recettes vers trois classes : santé et sécurité et services civils, principales branches de l’activité du pays selon la vision déployée et sans concertation avec les partis politiques et les partenaires sociaux.
Rassemblé pour le lancement du plan qui prévoit notamment des aides financières directes pour les ménages des crédits pour les PME, les travailleurs et des hôpitaux, l’exécutif tend à améliorer, par des remaniements financiers, l’assiette du revenu public. Alors que l’activité industrielle, touristique et commerciale paraît se ralentir, les ressources du plan de soutien anticoronavirus (de 30 milliards de dirhams) consacrées aux plus éprouvés par l’épisode viral et pour des achats d’équipements en urgence, se tariront dans les prochaines semaines. L’idée du gouvernement de réduire ses engagements financiers publics s’abîme dans une tempête de désapprobation ou de méfiance.
Afin d’arrêter toutes les saignées faites à la bourse de l’Etat, le gouvernement pense à recourir à une partie des réserves de la ligne de précaution de liquidité de 2,9 milliards de dollars accordée par le FMI, une sorte d’assurance qui préserve les équilibres macro-économiques de la dégradation. Face à ses nombreux défis, la réduction du prix des denrées et des articles de grande consommation, la dépression des salaires et des emplois, l’agriculture dont la souffrance continue à se faire sentir dans le prix des denrées, les annulations de crédit dans certains secteurs ne fait pas l’unanimité, puisqu’elles échappe entièrement aux investigations du contrôle des grands corps de l’Etat (patronat, fédérations, syndicats, chambre de commerce, collectivités, etc).
Le Comité de veille économique (CVE) est au centre de la polémique aussi. Un groupe de conseillers pouvant se réunir à tout moment, qui annoncerait des mesures sans recourir principalement à l’autorité centrale, ayant décidé pourvoir à l’exécution de services, dont les plus importants ont trait à la santé, à la sécurité et à l’assistance publique.
Tandis que les institutions financières marocaine, banque publique comme établissement privé, ont pris des mesures d’accompagnement en faveur des groupes touchés par la crise du coronavirus, prévoyant notamment de reporter ou suspendre les remboursements de leurs crédits, force est de reconnaître que ce dispositif, qui concerne principalement les entreprises de taille petite ou intermédiaire, ne donne pas encore des résultats effectifs. D’où les interrogations autour du «programme intégré d’appui et de financement des entreprises» qui table sur la création annuelle de 27.000 emplois et la création annuelle de 13.500 nouvelles entreprises.