Nul besoin d’affirmer que le dernier sondage sur l’image de l’islam de France est une des pires démonstrations cauchemardesques de la marée de haine qui s’abat sur l’Islam et les musulmans de France depuis les présidentielles de 2022, ponctuéede nombreux propos déplacés, voire même de dérapages haineux des partis d’extrême droite et de certains de leurs leaders, notamment Eric Zemmour et Marine Le Pen qui prônent une chasse systématique à l’Homme de race et de religion différente, à l’homme maghrébin et africain tout court. On se doutait que cette image allait se dégrader en France et en Europe, mais ce que révèle le sondage publié jeudi par la presse française estcarrément insupportable.
Peut-on remettre cette islamophobie galopante sur le compte de cet amalgame cruel entre l’Islam et le terrorisme, plus cruel même que les actes terroristes perpétrés par des fanatiques se réclamant de l’islam.Les musulmans, toute nationalité confondue, se retrouvent aujourd’hui en position d’accusés et se sentent punis et stigmatisé par un renforcement d’isolement social.
Emprisonnés dans des stéréotypes, marginalisés par des clichés, les musulmans d’Europe ne se reconnaissent plus dans le regard des autres. Ils sont confrontés à plus de suspicion que de compréhension, plus de rejet que de générosité.
La marée de l’islamophobie est si grande aujourd’hui que, dans les présidentielles de 2022, la religion musulmane a fait l’objet d’un rejet manifeste des Français. Alors qu’en 2015 sous le gouvernement de la Gauche, 55% des Français estimaient que l’influence de l’islam était trop grande, ils sont aujourd’hui soue l’ère du président Emmanuel Macron, 65% à le penser, soit une hausse de dixpoints.
Amplifiée par les réactions incendiaires des médias et de certains politiciens français, cette mouvance islamophobe politiquement motivée, place les musulmans de France sous une surveillance et une suspicion renforcées, comme s’ils doivent prouver leur innocence. Et de-là, la défiance vis-à-vis de l’islam en France n’est plus seulement l’apanage de l’extrême droite. C’est au sein des partis de gauche réputés plus en phase avec les notions de tolérance et d’ouverture, que ce désamour est le plus perceptible. 53% des électeurs des partis de gauche pensent que l’envahissement de l’islam en France ‘’est trop important’’.
Le sondage souligne aussi une radicalisation des Français sur des sujets de crispation identitaire. Ils sont 64% à s’opposer à l’édification de mosquées dans leurs pays. Seul fait rassurant dans ce sondage : 62% des Français ont déclaré ne pas mettre ‘’les islamistes et les musulmans dans le même sac’’, sachant que les musulmans de France sont les premiers à payer cher les actes terroristes.
Selon la même étude, Ils sont par ailleurs 88% à s’opposer au port du voile dans la sphère publique, aussi bien dans la rue que dans les écoles.
La question qu’on doit poser et reposer, c’est pourquoi l’islam provoque-t-il une telle méfiance en France? Et quelles sont les raisons de ce désamour patent. Ces raisons ne peuvent principalement s’expliquer que par le retard énorme mis par les politiques de droite comme de gauche à comprendre que le danger ‘’islamiste’’ pour la France vient non pas des mosquées, mais d’Internet et des lieux de culte clandestins, cet islam des caves qui enseigne la violence et la tuerie. Ils ont négligé l’encadrement de l’islam, la formation d’imams modérés qui communiquent en français et en arabe en transmettant un message apaisé, un message d’acceptation de l’autre. Ils ont, en résumé, contribué à cette montée de l’islamophobie qui fait, jour après jour, son chemin en France.
Encore faut-il rappeler par ailleurs que les musulmans de France ne cherchent qu’à vivre sereinement leur différence, et pratiquer paisiblement leur spiritualité. Ils sont en droit d’exiger la reconnaissance de leur contribution citoyenne, par leur travail et leurs sacrifices. Ils sont aussi en droit de revendiquer que leur citoyenneté ne puisse être assimilée à une citoyenneté de second plan ou faire l’objet d’une quelconque remise en cause.
Au final, les musulmans de France ne peuvent, eux aussi, fuir ou se dédouaner de leur propre part de responsabilité dans l’existence et le développement de ces sentiments de rejet, même si ceux-ci sont souvent irrationnels.