Refus des mécanismes de délégation et de captation du pouvoir par les cadors, recherche de formes substitutives de légitimité, le modèle partisan vertical et clos traditionnel du PPS et du MP a démontré, ces derniers jours, ses défaillances, et ses dangers.
Les tensions internes au sein du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et de la jeunesse du Mouvement populaire (MP) se sont exprimées, la semaine passée, avec une force toute particulière. Dans les débats lors de la réunion du bureau central du PPS et du Conseil national de la jeunesse harakie, il est patent que certains adhérents des deux partis se retrouvent sur une ligne plus radicale et plus critique que leur présente majorité. Tandis que le PPS se prépare à entrer dans une phase de repli interne, le MP doute sur la stratégie à adopter.
L’analyse du déroulement du processus du déroulement des réunions des instances des partis indique que la démocratie n’est pas encore un état d’esprit. Bagarres, insultes, des voix extrêmement critiques dans le contexte des mouvements sociaux contre le gouvernement, et qui ne se laissent pas déborder par les mots d’ordre. Les organes de diffusion interne aussi bien du PPS comme du MP utilisent leur position de force pour entériner les grandes décisions, malgré les contestations.
Le caractère démocratique, voué à s’exprimer avec le plus d’acuité, s’est tu lors du Conseil national de la jeunesse du Mouvement populaire, tenu le 6 octobre. Les argumentaires s’enchaînent avec les contre-argumentaires, l’idée mettant en valeur l’unité du parti primait. Beaucoup estimaient que «c’est au sein de la majorité que l’on peut faire évoluer les choses.» Le poids de l’opposition apparaissait dérisoire à beaucoup d’adhérents et de militants.
Des affrontements entre deux courants se sont déclenchés. Au centre des griefs : les organes d’information aux mains de la ligne majoritaire, les «manœuvres d’appareils» qui favorisent des noms au détriment d’autres, la conquête du pouvoir au sein de l’appareil accaparée par une minorité influente. Durant cet épisode est apparu au grand jour le déchirement du parti et le fait que le MP ne constituait plus une communauté partisane soudée capable de s’autoréguler.
Le 4 octobre, le bureau du PPS a entériné la mésalliance d’avec la majorité. Officiellement, l’incapacité du gouvernement mené par les islamistes à conférer «une dynamique accrue aux grands chantiers de développement et aux défis sociaux» est en cause. Officieusement, la future configuration gouvernementale concoctée qui réserve au parti une place subalterne a provoqué l’ire de Nabil Benabdellah et de ses fidèles. En marge de cette réunion, accusations de mensonges, d’usurpation, remise en cause des instances du parti, menaces de recours en justice et escarmouches où tous les moyens ont été déployés.
Comprenant la lassitude de la société après huit ans d’hégémonie stérile des islamistes, les discours officiels insistent sur la nécessité du changement. Des propositions concrètes sur le plan économique sont attendues. Le PJD mène des négociations très serrées menées pour réformer son cabinet, alors que les premières nominations de Saadeddine El Othmani n’ont pas été validées.
Tandis que les sections des partis se réunissent fréquemment pour «discuter de l’actualité» ou «établir des plans d’action», ce qui se dégage des débats, c’est l’écart qui se creuse entre les hauts cadres de ces formations et la base militante. L’absence d’autocritique est flagrante et les argumentaires circulent pour contrer tous les éléments qui sortent du lot.
Les bouleversements internes sont redoutés tant par les cadres du PPS que du MP, puisqu’ils rendent plus ardu le contrôle de la structure et accroissent «l’incertitude» quant à la discipline de leur parti. Le PPS se prépare à perdre du terrain (ce qui se produit) et son retrait de la majorité ralentira considérablement son activité. Au sein du MP, l’existence d’une compétition interne ouverte et disputée constituerait l’exception plutôt que la règle. Un modèle ouvertement peu concurrentiel et contesté.






