Des dizaines de milliers de Tchèques se sont rassemblés, mardi 10 décembre dans le centre de Prague, pour demander la démission du premier ministre milliardaire populiste, Andrej Babis, accusé de fraude sur les subventions européennes et de conflit d’intérêts.
Selon la police, jusqu’à 50.000 personnes ont participé au rassemblement sur la place Wenceslas, organisé par le mouvement un million d’instants pour la démocratie. Deux manifestations appelant à la démission de M. Babis, en juin et novembre, avaient réuni environ un quart de million de personnes chacune, ce qui en avait fait les plus importants rassemblements depuis la chute du communisme dans ce pays en 1989.
M. Babis nie les accusations et refuse de démissionner. « Ce type à la peau épaisse, détendu et certain que les gens achèteront ses mensonges n’est pas un homme qui devrait me représenter », a déclaré à l’AFP un des manifestants, Josef Smycka, retraité de la ville d’Olomouc, dans l’est du pays.
Considéré par Forbes comme la quatrième fortune tchèque, M. Babis est soupçonné d’avoir abusé des subventions européennes aux petites entreprises pour construire son complexe hôtelier et agricole Nid de cigogne près de Prague en 2007, quatre ans avant son entrée en politique. La police estime que M. Babis n’a séparé que provisoirement cette ferme de son groupe Agrofert pour bénéficier de ces subventions. La semaine dernière, les médias tchèques ont publié une fuite d’un rapport d’audit demandé par la Commission européenne, selon lequel avec sa double casquette d’homme politique et d’homme d’affaires, M. Babis se trouve en situation de conflit d’intérêts. Ce rapport suggère aussi qu’Agrofert devrait rembourser de lourdes sommes à l’UE.
Le premier ministre a catégoriquement nié avoir commis tout acte répréhensible, affirmant qu’il avait confié Agrofert à deux fonds fiduciaires, conformément à la loi tchèque sur le conflit d’intérêts.