Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (TTAH) s’apprête à élire sa (son) nouvelle (eau) président(e) qui succédera à Ilyas El Omari. Fatima El Hassani, malgré les rivalités persistantes, semble bien partie pour remporter la présidence.
Le Rassemblement national des indépendants (RNI) a décidé de ne pas opposer pas de candidat face à Fatima El Hassani, jusqu’alors secrétaire générale du bureau sortant et qui a officialisé sa candidature pour accéder à la présidence de la région TTAH, alors que la date limite du dépôt des candidatures était fixée mardi 22 octobre à minuit. Cette désignation apparaît comme une consécration d’une accalmie entre la base et le sommet du PAM. Et apparaît comme un rapprochement RNI-PAM, dans un militantisme partisan.
Le Parti authenticité et modernité a choisi la journaliste Fatima El Hassani, pourtant figure de l’Appel de l’avenir le courant opposé à Hakim Benchamach, pour succéder à Ilyass El Omari, son mentor et ami originaire de la même ville. Plus encore Fatima El Hassani, adoubée par le SG du PAM, est anti-Larbi Mharchi, l’homme fort de Benchamach, lequel avait jeté l’éponge il y a peu.
Concernant la présidence du Conseil de la région TTAH, la candidature d’un autre pressenti, Ahmed Touhami, président de la commission du courant de Benchamach, du 4ème congrès du PAM ex-parlementaire, président de la commission préparatoire du congrès du PAM, ex-président de commune et ancien président du groupe parlementaire du PAM et de la commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement, au sein de la chambre des représentants n’a pas été validée par le chef du parti. Une décision qui peut apparaître comme le résultat d’un processus de négociation et de neutralisation des différends au sein du PAM et d’une volonté de Benchamach de court-circuiter les velléités contestataires des courants qui remettent en cause son leadership ; ou encore comme la reconnaissance de la légitimité auprès de la base et des dirigeants du PAM, de la représentativité du mouvement de l’Appel de l’Avenir.
En tout cas, grâce à ces soutiens de taille, le PAM obtiendra l’assurance de glaner des moyens d’action publique pour sa région – espace politique prioritaire à ses yeux.
Fatima El Hassani, originaire de Ouezzane, avait fini par incarner le consensus aux yeux de nombreux conseillers régionaux tout en faisant figure de repoussoir pour beaucoup d’élus de l’opposition, notamment du PJD. En coulisses, la période qui précède l’élection du président de la région du TTAH voit s’affronter deux courants par communiqués de presse interposés, elle permet aussi à la candidate favorite au poste, d’engager des tractations afin de rallier des soutiens parmi les conseillers sortants, bien au-delà des seules formations acquises à sa cause qui consacrent la majorité écrasante. Alors que le soutien du RNI apparait déterminant pour l’élection de Fatima El Hassani (deuxième force politique au sein de la majorité dirigeante avec 8 membres, après le PAM avec ses 18 sièges), le PJD a proclamé, mardi 22 octobre dans un communiqué, son hostilité à ces alliances partisanes qu’il juge «contre nature» et qui donnent des coalitions peu homogènes.
Le PJD qualifie l’entente apparente qui règne entre la majorité au sein de la région TTAH de «consensus ambigu qui ne s’inscrit pas dans une logique de légitimation du pluralisme interne.» Sauf que le PJD feint d’ignorer que les négociations préalables et la recherche de l’unanimité sont caractéristiques de la régulation politique régionale. Les islamistes craignent les rapports de forces partisans et de l’effet de halo produit par le fonctionnement consensuel, alors qu’il est en froid avec son allié, le PPS.
Si élue, Fatima El Hassani sera la deuxième femme à présider une région après Mbarka Bouaïda, désignée en juillet à la tête du conseil la région de Guelmim-Oued Noun. La validation de la candidature de Fatima El Hassani apaise les envies de conquête de l’appareil et des positions de pouvoir au sein du PAM, valorise le concession qui, au-delà des clivages encadrant les adhérents, se tourne vers le rassemblement collectif et la cohésion politique de la collectivité partisane.
Cette validation ainsi que les élections de représentation du groupe parlementaire du PAM aux 4 commissions aux sein du Parlement auprès des organismes internationaux, donnent un souffle nouveau à l’Appel de l’Avenir. En effet, sur 4 commissions, les 4 élus sont issus de ce mouvement : Aziza Chagaf, Abou El Ghali Salaheddine, Mohamed Ghiyat et Zhor El Ouahabi.
Cependant la situation de crise interne ne semble pas se dénouer pour l’instant, les affaires en justice entre les deux courants sont encore en cours, enrayant les préoccupations sociales et politiques que devrait avoir un parti notamment à l’approche des législatives. En effet, l’un des rendez-vous devant la justice concerne l’affaire de l’invalidation de la Commission préparatoire du 4ème congrès présidée par Samir Goudar qui sera jugée en appel le 30 octobre prochain.
Pour l’heure, le PAM est derrière celle qui sera probablement la deuxième présidente d’un conseil régional, cette année au Maroc, à l’issue d’élections qui auront certainement lieu en fin de semaine ou au plus tard lundi.