À deux mois des élections présidentielles et déjà la campagne électorale est largement engagée sur l’immigration. Toutes les forces politiques en France, tous les candidats hormis Marine Le Pen et Eric Zemmour (extrême droite), ont l’œil sur les Français issus de l’immigration, leurs voix électorales les intéressent.
Certains le font à juste titre, parce qu’ils ont toujours été aux côtés des immigrés, solidaires de toujours à l’instar du Front de gauche, des Verts, du Parti communiste et dans une moindre mesure du parti socialiste. Certains veulent leurs voix, mais sans trop s’afficher avec, pour ne pas perdre sur l’autre tableau, à l’image du pari d’Emanuel Macron, la République en marche. D’autres, bien sûr, font de l’immigration et de l’identité un fond de commerce électoral comme c’était toujours le cas de la droite Degaulienne.
Ainsi, les regards des médias et des spécialistes en politique se son tournés tous depuis des semaines vers les banlieues pour tenter de savoir si leurs habitants, des Maghrébins en majorité, vont pouvoir peser sur les résultats finaux. Les candidats, quant à eux, font tout pour séduire cet électorat qui ne manifeste aujourd’hui que très peu d’intérêt aux présidentielles de France.
La grande raison à cela est tout simplement que les habitants des quartiers marginalisés en ont assez des belles promesses électorales qui ne sont jamais concrétisées. Et face à la gauche qui n’a pas réussi à répondre aux attentes des 10 millions d’habitants qui font la population des banlieues sur le territoire français et à une droite qui ne fait que stigmatiser les immigrés, ces derniers se lassent de la politique et l’ont fait savoir en boudant les meetings et les rassemblements électoraux.
Au final, c’est l’abstention qui va prévaloir. Il est aujourd’hui de plus en plus compliqué pour la France de se cacher derrière son modèle d’intégration quand les immigrés maghrébins sont trois fois plus au chômage que les nationaux.
Pour ce qui est des choix des électeurs français d’origine marocaine, l’abstention constituerait le vote majeur des Marocains. Toutefois, une partie de cette communauté, bien positionnée dans le parti socialiste, lui restera fidèle. D’autant que la candidate socialiste, a notamment promis aux ressortissants étrangers qui résident en France depuis plus de 10ans, le droit de vote dans les élections locales.
Le très mauvais score de popularité de la candidate socialiste, Anne Hidalgo, , accréditée dans les derniers sondages de 2,5% d’intention de vote, derrière Christiane Taubira, l’ancienne ministre (5%), Eric Zemmour (14%), Marine Le Pen (15%), la candidate de la droite, Valérie Pécresse (15,5%) et Emanuel Macron largement en tête (23%), ce très mauvais score a créé comme un climat de panique dans les rangs des socialistes qui peinent à re-séduire au plus vite les électeurs qui s’enfuient vers le Front national.
L’immigration surgit dans cette campagne comme thème de prédilection pour l’ensemble des partis. Eric Zemmour, le candidat de l’extrême droite en a d’ailleurs rajouté une couche en s’attaquant à la viande Halal et en déclarant non désirables sur le sol français, les diplômés maghrébins des grandes écoles, dont la carte de séjour est périmée. Cette animosité déclarée vis-à-vis les étudiants étrangers, irrite fortement la communauté musulmane qui compte dans ses rangs de nombreux électeurs.
À noter aussi, qu’au cours des dernières semaines l’islam et les musulmans de France se sont retrouvés de plus en plus dans ‘’l’œil du cyclone’’. Tout d’abord, il y a eu le débat sur le ‘’voile intégral’’. L’emballement médiatique qui s’en est suivi et la tournure prise par ce débat, ont donné lieu à des amalgames qui ont stigmatisé toute une religion. Puis, est venu le débat sur l’identité française. Ce débat se voulait serein enveloppant les valeurs et principes qui unissaient les Français et qui forgeaient leur destin commun.
Malheureusement, il s’est peu à peu focalisé sur la question de l’immigration dans la société française pour se cristalliser sur celle de l’islam et des musulmans dans l’identité française. Les musulmans de France, tout en respectant les débats de société qui peuvent animer la campagne électorale, refusent d’être pris en otage ou d’être les boucs émissaires de cette campagne qu’ils ont majoritairement boycottée.
Et si certains estiment que l’immigration est le principal problème de la France et que son coût trop élevé handicape l’économie française, les pays sans immigration devraient par définition se porter mieux que les autres. Or, quels sont en Europe les pays où ce mal de l’immigration est inconnu ? Ce sont bien le Portugal, la Grèce et l’Irlande qui accueillent le moins d’étrangers. Et ce sont les trois pays d’Europe qui souffrent le plus sur le plan économique et social.
C’est donc à la fois une injustice et un mensonge que de désigner les étrangers comme le principal problème dont souffrirait la France.