La campagne pour le second tour de la présidentielle en Tunisie a repris jeudi, au lendemain du coup de théâtre de la libération du candidat emprisonné Nabil Karoui, qui dispose désormais de deux jours pour en découdre avec son rival Kais Saied.
M. Karoui a assuré devant la presse qu’ « il n’y a eu aucun arrangement », après des commentaires évoquant de possibles négociations politiques, dans le cadre des tractations en cours pour former un gouvernement. « C’est la justice qui m’a libéré, la justice indépendante », a ajouté le publicitaire, qui avait dénoncé une arrestation « politique ».
« J’espérais que ces élections soient reportées d’une semaine pour que le peuple tunisien puisse voir et comparer », a lancé M. Karoui. « Il reste un jour ou deux mais on va mener la bataille et on va gagner! ».
M. Karoui, un homme d’affaires controversé poursuivi pour blanchiment et fraude fiscale, est sorti mercredi soir de la prison de la Mornaguia, près de Tunis, où il était en détention depuis fin août. Libéré sur décision de la cour de cassation, ce fondateur de la chaîne Nessma TV reste inculpé.
Du fait de son incarcération, son rival, l’universitaire M. Saied, un indépendant qui prône une nouvelle révolution par le droit, avait lui décidé de se mettre en retrait ces derniers jours.
Les observateurs européens avaient eux-mêmes déploré une « campagne du silence », dans laquelle « l’un ne peut pas faire campagne et l’autre ne veut pas ».
La campagne a en outre été entrecoupée par un scrutin législatif, le 6 octobre, qui a encore brouillé le paysage politique, avec un nouveau Parlement dominé par le parti d’inspiration islamiste Ennahdha mais écartelé entre de multiples formations.
Dans ces conditions, les deux derniers jours de campagne s’annoncent vitaux, et chargés, avec comme point d’orgue un débat télévisé qui doit opposer vendredi soir le flamboyant magnat des médias à l’austère enseignant de droit, un rendez-vous inédit en Tunisie et rare dans le monde arabe.