C’est un véritable pavé dans la marre qu’a lancé M. Mohamed Hassad, ministre de l’intérieur, en dévoilant, jeudi , lors de la réunion du conseil de gouvernement, des données graves sur un «chantage» exercé par Hamid Chabat sur l’Etat.
C’est ce qui ressort des titres des journaux arabophones du week-end, qui font un large écho de ces développements peu banals.
Hassad pointe un doigt accusateur sur Chabat et les charges sont lourdes
Le journal « Al Massae » écrit, à ce propos, que la déclaration de M. Hassad à fait l’effet d’une bombe lors du conseil de gouvernement, tellement les accusations sont lourdes. Hamid Chabat est en effet accusé de «chantage» sur l’Etat. Le journal souligne, en se référant à des sources de la majorité, que la déclaration de M. Hassad a fait l’effet d’une secousse, lorsqu’ il révélé dans un compte-rendu présenté en conseil de gouvernement, que le leader istiqlalien a recouru au chantage contre l’Etat pour obtenir la présidence de la région de Meknès-Fès, menaçant le ministère de l’intérieur de fomenter des troubles dans la ville de Fès, s’il ne l’aide pas à accéder à la présidence de la région, à laquelle postulait M. Mohand Laenser.
Chabat propose la recette pour obtenir la présidence de la région au lieu de Laenser
Selon « Al Massae », M Chabat a demandé au ministre de l’intérieur que l’Etat exerce des pressions sur le Rassemblement National des Indépendants pour qu’il vote en sa faveur et non pas pour le candidat de la majorité, Mohand Laenser, ce que le ministre a refusé catégoriquement, arguant que l’Etat n’a pas à intervenir dans l’opération électorale, ni en faveur d’un groupement politique, ni pour la formation d’alliances et qu’il refuse le chantage . Pour sa part « Assabah » croit savoir que le secrétaire général du parti de l’Istiqlal a maintenu ses menaces jusqu’à la dernière minute dans la matinée de dimanche lundi, de soutenir le Parti de la Justice et du Développement pour ce qui restait des opérations électorales, en cas de refus de sa demande consistant à exercer des pressions sur six membres du RNI pour qu’ils votent pour lui et lui permettre ainsi d’accéder à la présidence de la région Meknès-Fès.
Le volte-face de Chabat contre le PAM et l’annonce de son soutien critique au PJD
Selon « Al Ahdath Al Maghribia » », la réponse ferme du ministre de l’intérieur, son refus du chantage sur l’Etat et son attachement sans ambages à la neutralité de l’autorité dans l’opération électorale, et la conviction qu’en a tiré Chabat que sa tentative a tourné court, l’ont amené à « renverser sa table vide » sur les partis de l’opposition, en particulier le Parti Authenticité et Moderniionté et à annoncer au temps mort des opérations d’élection des présidents des régions, qu’il s’allie au PJD.
Hassad a coupé son téléphone aux communications de Chabat et mis ses partisans à Fès sous surveillance
Le journal « Al Ahdath Al Maghribia» souligne que la position du ministère de l’intérieur ne s’est pas limitée à fermer la ligne téléphonique face à Chabat, mais à recourir sans trop de tapage, au renforcement du dispositif sécuritaire et à placer tous les points chauds à Fès sous surveillance sécuritaire, pour suivre tout mouvement suspect des partisans de Chabat , ce qui a fait avorter toute tentative de perturber les opérations d’élection au niveau régional.
Chabat répond à Hassad: Expliquez aux citoyens ce qu’est le chantage. La sécurité du pays est en danger !
Dans sa première réaction aux accusation du ministre de l’intérieur, le journal «Al Alam», organe du PI, a publié une déclaration de Hamid Chabat, reprise sur un site électronique national, affirmant: «Le ministre de l’intérieur n’a pas expliqué aux citoyens le genre de chantage et la façon dont il a été exercé, et aussi en quoi a consisté ce chantage ». Il a ajouté qu’il n’a pas contacté le ministre de l’intérieur, ni le l’a rencontré et ce, depuis la dernière réunion qu’il a tenue avec les partis de l’opposition pour discuter des élections.
« Al Alam» s’est montré dubitatif face aux accusations du ministre en se demandant : «L’Etat a-t-il fait l’objet de chantage ou, en d’autres termes, y a-t-il quelqu’un ou une quelconque partie qui ait tenté de porter à atteinte à la stabilité du pays ou à sa sécurité? ou le ministre a-t-il été trahi par sa connaissance médiocre de la langue arabe, qu’il parle avec grande difficulté, de telle sorte qu’il a proféré un terme dont il ne réalise pas l’ampleur et la gravité? ».
Poursuivant sur la même veine, «Al Alam » remarque que Hassad n’a pas proféré ces accusations lors de rencontres privées, mais au cours de la réunion d’une institution constitutionnelle où siègent à ses côtés son chef de gouvernement et son collègue, le ministre de la justice qui est le chef du parquet général, avant de conclure : « Les accusations de Hassad mettent en danger la stabilité et la sécurité de l’Etat».
Au final : Chabat un lourd fardeau pour l’Istiqlal
Si Hamid Chabat a essayé de se disculper, tout comme l’organe de son parti «Al Alam » s’est aussi évertué à le faire, le journal «Assabah», lui, rapporte une autre version attribuée à une source du PI qu’il n’a pas nommée, résumant l’affaire en un complot du PAM. «On flaire l’odeur de la vengeance de la part du parti nostalgique de l’autoritarisme », a dit cette source.
« Akhbar Al Youm, s’interroge , quant à lui : « L’heure de Chabat a-t-elle sonné? » Entre autres lectures de la sortie du ministre de l’intérieur , le journal retient celle-ci comme étant la plus plausible: un signe adressé au parti de l’Istiqlal que Chabat est fini.
C’est l’élément que retient aussi un billet du journal «Al Ahdath Al Maghribia»: « Chabat est un fardeau pour l’avenir du parti de l’Istiqlal ».Celui-ci doit décoder les messages des électeurs à l’étape du 4 sept, avant qu’il ne soit trop tard.