Plusieurs villes en Équateur sont le théâtre de violentes manifestations depuis l’annonce, jeudi, d’une hausse du prix du carburant. Il s’agit du plus grand mouvement social depuis 12 ans, dans un pays où la rue a déjà évincé trois présidents.
La hausse annoncée du prix du carburant en Equateur a déclenché un vaste mouvement de protestation. Depuis jeudi 3 octobre, jusqu’à 291 rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes du pays. Les routes et les transports publics ont été bloqués, des barricades ont été érigées et des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont éclaté.
Depuis la levée de subventions sur le diesel et l’essence, le pays est paralysé par de violentes manifestations. Aux grèves décidées dans un premier temps par le secteur des transporteurs, se sont joints des étudiants et des membres des communautés indigènes.
« Afin d’assurer la sécurité des citoyens et d’éviter le chaos, j’ai décrété l’état d’urgence au niveau national », a déclaré le président Lenin Moreno dès jeudi. Cet état d’exception, applicable pour une durée de 60 jours, permet de limiter ou de suspendre le droit de circulation, de fermer les frontières et d’imposer une censure à la presse. Il autorise également la mobilisation de l’armée pour rétablir l’ordre : 29.000 militaires ont ainsi été déployés. Le ministère de l’Intérieur a dénombré parmi les blessés 21 policiers et 14 civils.
Le prix du gallon de diesel a bondi de 1,03 à 2,29 dollars. Celui de l’essence est passé de 1,85 à 2,39 dollars. Le gouvernement équatorien avait décidé de retirer les subventions dont bénéficiaient les carburants depuis 40 ans, à hauteur de 1,4 million de dollars par an selon le ministre de l’Économie.
Ces mesures s’inscrivent dans le prolongement d’un vaste plan d’austérité qui prévoit également de réformer les conditions de travail des Équatoriens. Les travailleurs du secteur public verront ainsi leurs congés payés réduits de moitié, de 30 à 15 jours par an. Par ailleurs, les nouveaux contrats par intérim connaîtront une baisse de rémunération de 20 %.
Il s’agit d’un ‘paquetazo’, un paquet de réductions budgétaires que les Équatoriens redoutent depuis que le gouvernement a signé, en mars 2019, un accord avec le Fonds monétaire international (FMI), pour un prêt de 4,2 milliards de dollars.
Pour rappel, l’Équateur, le plus petit membre de l’OPEP, qui s’apprête à quitter l’organisation, traverse une crise économique et fiscale. Sa croissance s’est ralentie et le gouvernement s’est vu dans l’obligation d’émettre plusieurs titres souverains de plus de 10 milliards de dollars, portant sa dette extérieure à 36 % de son PIB, selon la Banque centrale équatorienne.






