Au dernier jour en France du procès des Barjols, un groupuscule d’ultradroite soupçonné d’avoir fomenté l’assassinat d’Emmanuel Macron mais aussi des attaques contre des migrants et des mosquées, la défense a dénoncé vendredi un « fiasco judiciaire ».
« La machine judiciaire s’est emballée », a estimé Me Lucile Collot, quand sa consoeur Olivia Ronen parlait d’un « voyage en absurdie » entrepris fin 2018 par l’antiterrorisme. Le tribunal rendra son jugement le 17 février.
La parole a été donnée vendredi aux conseils des quatre prévenus soupçonnés d’avoir projeté l’assassinat d’Emmanuel Macron et dont l’arrestation, le 6 novembre 2018 en Moselle, avait lancé l’enquête.
Les policiers antiterroristes avaient ce jour-là interpellé un « SDF édenté, un cancéreux et un handicapé mental », cingle Me Jennifer Madar, qui défend Mickaël Iber, un sans-domicile écroué cinquante mois dans ce dossier, contre lequel quatre ans ferme ont été requis.
« On trouve +ça+ alors il faut réinventer, construire une réalité, monter un dossier », ironise l’avocate. « C’est monsieur Macron quand même, on ne peut pas laisser passer ça ».
Se met alors en branle, selon l’avocate, un « rouleau compresseur » qui va s’abattre sur « des personnes déjà fragilisées, pauvres, précaires », sur « 13 hommes en colère » qui se préparent alors à la première grande mobilisation des « gilets jaunes », le 17 novembre 2018.
« L’accusation a fait fi de ce contexte social », renchérit Me Ronen, qui défend Jean-Pierre Bouyer, l’ex-numéro 2 des Barjols contre lequel a été requise la plus lourde peine en raison de son rôle « moteur » dans le projet d’attaque contre le chef de l’Etat.
« Monsieur Bouyer, c’est un +gilet jaune+ mais ce n’est pas un terroriste », a-t-elle poursuivi.
La défense s’est également penchée sur le cas très particulier d’Antoine D., 26 ans et atteint de troubles psychiques. En appelant à le condamner à un an de prison avec sursis, la procureure a reconnu la « fragilité particulière » de ce jeune homme qui a été au supplice lors de son interrogatoire devant le tribunal.
« Quelqu’un qui n’est pas en capacité de comprendre les questions les plus basiques peut-il être jugé ? Peut-il être condamné ? », a lancé un de ses avocats, Me Gabriel Dumenil.
Evoquant un « fiasco judiciaire », Me Dumenil a lui questionné le concept même d’ultradroite et minimisé la portée des virulents messages anti-migrants ou anti-l’islam échangés par les prévenus en 2017-2018 et collectés par les enquêteurs.