Selon des sources internes à NSO Group et au sein des services de renseignement de plusieurs pays européens, plusieurs chancelleries occidentales ont utilisé Pegasus. Une information passée presque inaperçue alors que l’acharnement antimarocain s’essouffle.
Lors d’une conférence de presse convoquée à Madrid, lors d’un jour férié, le ministre de la Présidence, Félix Bolaños, a affirmé que les téléphones de Pedro Sanchez et de Margarita Robles avaient été infectés en 2021 par Pegasus, le logiciel conçu par la société israélienne NSO. Une depeche AFP glisse furtivement, pour la première fois, une infirmation capitale passée inaperçue : «plusieurs pays européens» possèdent Pegasus. Cette révélation a été accueillie avec une certaine discrétion dans les chancelleries occidentales et par les ONG des droits.
En octobre 2021, l’hebdomadaire allemand «Die Zeit» révèle que le BND, le service de renseignement extérieur allemand, a également utilisé le logiciel espion a été client de la société israélienne NSO Group. Le Maroc n’a pas acquis de licence pour le logiciel Pegasus, d’après les informations de Barlamane.com.
Il est un certain nombre de faits qu’il nous faut rappeler brièvement pour nous orienter dans la question d’origine. En 2018 déjà, Citizen Lab démontrait que le logiciel Pegasus de NSO était utilisé dans 45 pays. Oui, 45 pays. On ne cite, souvent, que quelques pays «qui dérangent», dont le Maroc, ainsi que ses services secrets dont l’efficacité est mondialement reconnue.
Ali Lmrabet, controversiste complotiste et soutien actif de deux antisémites notoires, dit «avoir souffert» de «l’espionnage» marocain présumé en Espagne. Le même Ali Lmrabet qui affirmait, en juillet 2021, «que cela fait longtemps qu'[il a] rejoint l’âge des cavernes de la communication téléphonique. [S]on portable n’est pas une tablet.» Double et dangereuse bipolarité.
Puisque rien ne l’arrête, Ali Lmrabet, invité sur le plateau d’une télévision espagnole, a fait preuve d’un vrai génie divinatoire quand il a dit que «Tel-Aviv a cédé Pegasus gratuitement au Maroc [contre] des services secrets». Il faut reconnaître à la décharge de ceux qui le connaissent qu’il y eut toujours dans le prophétisme de Ali Lmrabet une imagination exaltée, et c’est cet élément qui, passionnément cultivé, fait oublier les faits. Il n’avaient jamais été autre chose que des faiseurs de prédictions (démenties ou infondées).
Ceux qui savent écrivent peu, et voilà pourquoi il arrive à chaque moment que ceux qui écrivent ne savent guère. Ali Lmrabet le prouve. Yaïr Lapid était catégorique : «Personne n’a écouté le téléphone du président [Emmanuel Macron]. Cela est conforme à la licence [d’exportation délivrée par l’Etat israélien à NSO] : le programme ne peut être utilisé que pour lutter contre des organisations terroristes et des crimes graves». Sauf que les obsessions de Ali Lmrabet priment sur la réalité des faits. La Maroc «aurait» obtenu Pegasus en 2017 «en échange de quelque chose». La jonglerie, la ventriloquie, la supercherie, en une phrase.
Les révélations du gouvernement espagnol surviennent alors que Madrid veut colmater une crise entre Pedro Sánchez, un socialiste, et les milieux indépendantistes de Catalogne (nord-est), qui accusent le Centre national du renseignement (CNI) de les avoir espionnés avec Pegasus. Un contre-feu ? En Espagne, les indépendantistes ne décolèrent pas.
Si nous connaissions de l’affaire Pegasus seulement ce que nous raconte le propagandiste antimarocain exilé en Espagne, il nous serait fort difficile d’en tirer autre chose que des informations confuses et même contradictoires. Le malheur est que les opinions de Ali Lmrabet ne sont guère fondées que sur ces détails vagues.
Ali Lmrabet, on le sait, n’a pas de loyauté.