La polémique vient une fois de plus écorner l’image que la reporter souhaite donner d’elle-même, celle d’une femme libre de piètres considérations.
La journaliste au quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum, Hajar Raissouni, condamnée à un an de prison pour «avortement illégal» et «relations sexuelles hors mariage» et graciée par le Roi du Maroc, prend quelques libertés avec le respect de la dignité des personnes. C’est une grande question qui s’engage, il n’y a point à s’y méprendre. Celle qui insistait pour sauvegarder la dignité de sa situation et de ses idées lors du déclenchement de son affaire participe à une sale campagne tendant à discréditer une victime qui cherche à recouvrer ses droits en tant que femme et en tant que mère.
La jeune reporter de 28 ans a commis un article publié dans le quotidien susmentionné dans son édition du 21 janvier, qui prend implicitement la défense d’un ex-membre du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste), empêtré dans une affaire d’adultère et d’abus de confiance. L’image choisie pour illustrer l’article, repassée en boucle sur les écrans, présente un étrange paradoxe : tous les visages y ont été floutés, sauf celui de la victime, exposé à tout le monde.
L’incident a provoqué l’indignation sur les réseaux sociaux. Tous les éléments traditionnels de la bonne foi ont été bannis par Hajar Raissouni, le motif d’information, le sérieux, la prudence de ton, et l’absence de l’objectivité. À quoi servirait d’avoir souffert, si on n’apprenait rien, si on devait se retrouver avec la même passion des coteries infâmes ou avec le même goût des vaines et décevantes manœuvres qui visent des personnes innocentes ?
Qu’est-ce en effet que cette affaire où une femme, L., qui a eu la douloureuse et périlleuse expérience de subir l’inconséquence d’un ancien responsable au sein du PJD, s’est vu réduite à venir disputer la dignité de son être et de son nom à toutes les bassesses, à toutes les rancunes, à toutes les récriminations ? Hajar Raissouni aurait pu sans doute se dispenser de céder à une provocation trop honteuse ; elle s’est laissé aller, elle a écorné son image encore plus. Outrage et diffamation, ce qu’elle a voulu manifestement, c’est profiter de ce dossier pour tenter un coup de parti, pour épuiser ses différends avec ses adversaires idéologiques, pour faire violence à l’histoire en essayant d’accabler une femme sous le poids de d’un lourd fardeau. Malgré tout, et c’est là le dernier mot, la moralité de cette singulière et triste affaire, c’est sa déontologie qui a été accablé.
La reporter avait été condamnée fin septembre à un an d’emprisonnement pour «avortement illégal» et «relations sexuelles hors mariage» par le tribunal de Rabat, une affaire qui a poussé la société civile à prendre fait et cause pour elle. Tandis que Leila, au milieu des anxiétés d’une lutte désespérée pour arracher ses droits à gardé l’honneur de son être, Hajar, elle, a sombré dans les luttes de partis avec arrogance.