Le tweet fera date. Le 1er déplacement d’un chef de la diplomatie américaine chez un n°1 de la sécurité d’un pays, relève de l’inédit. De mémoire d’homme, il s’agit là, certainement, d’une première mondiale qu’a immortalisée le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo en twittant son déplacement en images au siège de la Direction Générale de la Surveillance du Territoriale (DGST), pour se réunir avec Abdellatif Hammouchi, patron des lieux. Ancien patron de la CIA, Pompeo dont l’agenda est plein à craquer sait pertinemment que les 70 minutes passées avec Hammouchi et ses hommes -contre 20 minutes seulement avec le chef du gouvernement Saad Eddine El Othmani, selon le magazine Jeune Afrique- n’ont pas été vaines. Au contraire…
Le tweet de Pompeo est éloquent sur l’appréciation des Etats-Unis vis-à-vis de la collaboration des services sécuritaires des deux pays, ainsi que sur la position des Etats-Unis vis-à-vis du Maroc, de sa souveraineté et de sa maîtrise des questions de sécurité, de stabilité et de paix. Les trois images insérées dans le tweet du Secrétaire d’Etat montrent délibérément le chef de la diplomatie américaine et le chef de la sécurité nationale au même plan, marchant ou assis soient-ils.
De chef de la sécurité d’un pays à un autre, ou d’un département de tutelle à un chef de la sécurité, la médiatisation d’une telle rencontre aurait été évaluée comme une collaboration efficace et en bonne intelligence entre homologues, ou départements «similaires». Mais quelle que soit la correspondance entre intitulés d’un pays à un autre, est-on jamais sur le pied d’égalité du département d’Etat américain, dont les prérogatives dépassent celles d’un ministère des Affaires étrangères dans son acceptation classique ?
Venant du chef de la diplomatie de la première puissance mondiale avec les attributions qui lui sont dévolues, le fait relève d’une consécration. Il s’agit d’un signe fort, plus grand qu’un hommage, bien que toute distinction est évidemment, appréciée à sa juste et belle valeur, qu’il s’agisse d’une décoration comme la Grand-Croix de l’Ordre du mérite de la Garde civile, ou de la distinction française d’officier de l’ordre de la Légion d’honneur, pour ne citer que celles-ci, émanant de pays étrangers.
Pour les hommes et femmes fiers de travailler aux deux départements chapeautés par Hammouchi, dont la «griffe» particulière de mettre conjointement le citoyen et la sécurité de sa nation au cœur de son action, qu’il a su insuffler aux agents dédiés à la question, le tweet est plus que mérité. Et pour cause : il capture aux yeux du monde un moment que n’aurait jamais médiatisé l’homme au style discret qui dirige les deux départements de la sécurité nationale aux ramifications interne et hors frontières, de son pays. Les citoyens également en savent gré à l’homme qui œuvre sans relâche et qui a su transformer l’image et le style de la DGST, institution qui aujourd’hui rassure.
L’attention particulière des Etats-Unis à Hammouchi, cet homme qui incarne la force tranquille de la sécurité du Royaume, est notoire : de Tenet qui a tenté de le débaucher pour la CIA -l’intention fait sourire qui connaît l’homme- au rapport du département d’Etat en septembre 2018 qui louait son efficacité et en faisaient un partenaire incontournable dans la lutte contre le terrorisme, qui lui avait valu d’être reçu deux fois à Washington par ses homologues américains.
Reconnu et fortement apprécié chez lui, souvent félicité et remercié par bien des chefs d’État et autres responsables gouvernementaux étrangers pour la précieuse collaboration des services marocains et le professionnalisme dont ils sont maîtres dans la lutte contre le terrorisme, Hammouchi est un homme de résultats.
Que de fois, les services marocains ont alerté leurs homologues de par le monde sur l’imminence d’attentats, ont collaboré au démantèlement de cellules terroristes dormantes ou actives, ou encore, ont révélé les noms de kamikazes. On se souvient, dans les milieux sécuritaires et médiatiques de l’alerte donnée à l’Allemagne en décembre 2018. On se remémore le rôle du Maroc dans la localisation de l’organisateur des attentats de Paris. On se rappelle de l’implication des services de renseignements marocains dans l’identification des 9 terroristes ayant commis les attentats à la bombe en avril 2019 au Sri Lanka. On évoque encore l’alerte donnée, il y a dix ans, aux services belges sur l’existence d’une pépinière jihadiste sur leur sol.
Gageons que cette reconnaissance au n°1 de la sécurité du pays, fera grincer des dents plus d’un sur notre continent, dans notre voisinage immédiat et un peu plus loin également. Gageons également qu’elle n’aura pas d’impact sur son style de «moine-soldat» et de «super flic de Sa Majesté», secret, solitaire, affable et structuré. Mais elle a un effet, sur nous citoyens qui tirons fierté de la stabilité de notre territoire grâce, un jour, au choix et à la vision au plus haut sommet de l’Etat qui se sont portés sur l’homme travaillivore qu’est Hammouchi.