D’habitude, le quotidien de la France conquérante n’avait ni la modestie, ni le temps ni l’espace sur ses colonnes à consacrer à la presse des ex-colonies françaises, la « presse sous-développée », la « presse aux ordres », bien que lui-même reçoive ses orientations du Quai d’Orsay!
Mais que s’est-il donc passé pour que le naguère prestigieux journal déroge à la règle?
Bien avant la publication du rapport sur l’affaire dite « Panama papers » dans laquelle sont cités un appartement et un yacht du roi Mohammed VI, le360 avait qualifié de non événement ces révélations tellement le commun des mortels marocains connaît l’existence de ces biens et n’importe qui a le loisir d’admirer le bateau royal chaque été dans le port de plaisance à Tétouan.
Autrement dit, Le Monde accuse nos confrères du site d’avoir torpillé le buzz qu’il voulait créer avec cette histoire. Et sa colère est d’autant plus grande que le360 avait fait de même l’an dernier lorsque Le Monde s’apprêtait à publier l’affaire de l’évasion fiscale et des banques suisses.
En fait, Le Monde agit encore en donneur de leçons et refuse d’admettre que le monde change et évolue et que le journal qu’on se passait autrefois sous le manteau dans les capitales africaines ne séduit plus. Le temps où il faisait trembler les chefs d’Etat africains et où ses écrits étaient un baromètre des relations entre Paris et ses anciennes colonies est révolu. A jamais.
La démocratisation progressive des régimes africains et la génération internet ont définitivement enterré ce journal que, non seulement on n’interdit plus, mais qu’on ne lit plus.