On peut ne pas être d’accord avec Mustapha Sehimi, ou ne pas l’aimer, mais personne ne peut nier ses compétences, ni lui ôter son audace et son franc-parler, encore moins ignorer sa longue expérience en tant que professeur, analyste, politologue et journaliste. Mais comment l’expliquer aux gars du PJD qui n’acceptent pas la critique, particulièrement quand elle est fondée. Donneurs de leçon, qu’ils ne respectent pas d’ailleurs. Rien à faire, ils sont formatés ainsi. El les Marocains doivent malheureusement faire avec, en attendant le salut, en 2021.
Vous faites de gentils salamalecs à Mustapha Ramid, et vous vous retrouvez devant le juge pour diffamation et injure. Vous contredisez Abdelilah Benkirane ou Saadeddine El Othmani, et on vous range dans la catégorie des « 3afarit et tamasih » à la solde de l' »Etat profond ». À croire que le parti de la justice et du développement est intouchable et sacré.
Du haut de son demi siècle d’expérience et de labeur, Sehimi, le doyen respecté dans le microcosme politico-médiatique, a publié récemment dans Maroc Hebdo une analyse pointue de la gestion pjdiste de la chose publique. Les barbus se sont immédiatement mis en horde pour l’attaquer et le traiter de tous les noms, sans que personne n’ait le courage de mettre son nom en bas du texte. Ce lynchage que personne aujourd’hui n’a le courage de revendiquer, a pourtant eu l’aval des caciques du politburo du parti de la lampe.
Franchement monsieur le Chef du gouvernement, n’eut été votre sectarisme, Mustapha Sehimi aurait été d’un très bon apport pour votre équipe gouvernementale, certainement mieux que Mustapha Khalfi, Mohamed Laaraj et Hassan Abyaba réunis. Sur la mauvaise gestion de l’épidémie de Coronavirus, Mustapha Sehimi a plus que raison. Exemples : l’ex porte-parole du gouvernement, le non regretté Hassan Abyaba, n’arrivait même pas à prononcer le mot Corona. El Othmani lui-même demandait aux Marocains de l’étranger de rentrer massivement avant que le Maroc ne verrouille ses frontières. Ils sont aujourd’hui environ 20.000 à souffrir hors de nos frontières. Il déconseillait aux Marocains de porter un masque réservé, selon lui, au seul personnel médical, avant que le port de celui-ci devienne obligatoire quelques jours plus tard.
Si le Maroc s’en sort plutôt bien dans la lutte contre la propagation du Covid-19, c’est grâce à l’anticipation, au suivi quotidien et aux initiatives prises très tôt par le Roi Mohammed VI, à la mobilisation et au travail extraordinaire des départements de l’Intérieur, de la Sécurité, de la Santé, de l’Industrie et de l’Education nationale qui, fort heureusement, échappent en cette période de crise au contrôle d’El Othmani.
Par ailleurs, n’est-ce pas Mustapha Khalfi, le porte-parole officieux du gouvernement, qui a tenté de semer la zizanie en accusant injustement, le 15 avril sur les ondes d’une radio, certains établissements privés de n’avoir pas versé au fonds spécial la totalité des contributions promises, et d’autres de refuser de se solidariser avec le pays. N’a-t-il pas menti pour des raisons obscures en affirmant le 15 avril que le montant des contributions s’élevait à 20 milliards de dirhams alors que le compte spécial de la Trésorerie Général réservé au fonds affichait un montant d’environ 30 milliards de dirhams.
On peut disserter des heures et des heures sur les échecs du PJD, sur les promesses électorales non tenues, sur les frasques de nombre de ses dirigeants, l’incompétence d’autres, l’érosion de sa popularité…
Mustapha Sehimi n’a fait qu’exprimer une réalité avec le franc-parler qu’on lui connaît. Ce franc-parler qui n’épargne aucune institution dès lors que quelque chose n’y va pas, et qui lui a valu d’être expulsé de la chaîne 2M sur instruction de Abderrahmane Youssoufi alors premier ministre. A cette époque précise, Benkirane et Ramid faisaient encore des courbettes à Driss Basri.