Mustapha Khalfi, ancien porte-parole du gouvernement et ex-ministre de la communication, et membre du PJD, a effectué une sortie pour le moins équivoque sur les ondes d’une chaîne radio, doutant des intentions des acteurs ayant annoncé faire des dons au fonds anticoronavirus.
Mais à quel étrange passe-temps Mustapha Khalfi peut se livrer avec passion, que celui de déclamer contre tout et rien. Lors d’une sortie sur les ondes d’une radio, jeudi 16 avril, l’ancien porte-parle du gouvernement a dénoncé ceux qui flattent par des promesses séduisantes la misère du peuple, qui fait face au coronavirus. L’ancien ministre a émis des soupçons sur la volonté des contributeurs qui ont annoncé, dès le commencement de la contagion et de la crise sanitaire, verser des montants au fonds créé par le roi Mohammed VI pour contenir les conséquences de l’épisode viral.
Celui qui n’a jamais pu anticiper le mouvement des idées et des affaires ainsi que les tendances et besoins du pays affirme que les crédits pour le paiement des dépenses résultant du fléau ne sont « que » 20 milliards de dirhams, accusant par la même occasion les assurances de fuir leurs engagements lors cette période difficile. De la désinformation sans vergogne.
L’ancien responsable, qui devrait réviser ses fiches, ignore que l’enveloppe consacrée aux mesures économiques et sociales prises pour aider les entreprises, les salariés et les travailleurs de l’informel sans ouvrage, avoisine 30 milliards de dirhams, budgétée au tiers par l’Etat et pour le reste par les générosités publiques et privées. Parmi ces mesures, des aides allant de 800 dirhams à 1.200 dirhams distribués aux familles en situation de précarité. Cette caisse a été fondée non seulement pour cette classe d’individus sans lendemain, dont le travail est le seul capital, mais aussi pour les ménages moyens, pour cette classe intermédiaire, si nombreuse, qui se voit menacée plus que toute autre par les aléas de la crise sanitaire.
Pourquoi choisir pour y établir son champ de bataille la question du dispositif d’aide lancé par le Roi ? Pourquoi douter de la masse de son numéraire ? L’initiative royale a été exposée, dès son lancement, aux froids dédains des islamistes, qui n’ont annoncé aucune contribution. La caisse anticoronavirus a été fondée sur ce double principe, aider les plus vulnérables, par suite des accroissements continus de ses ressources, et que le moyen de toute amélioration dans la condition matérielle des citoyens marocains affectés par la crise, c’est le sacrifice des convoitises et les petits calculs du moment au bien-être de l’avenir. Ce qui échappe à la lucidité de l’ancien ministre.
L’absence de Saïd Amzazi, le successeur de Abyaba, interpelle. Celui qui diffuse la parole gouvernementale est le seul habilité à parler au nom du pouvoir exécutif. Saadeddine El Othmani, lui, se contente d’invoquer le nom de l’Éternel, en processions et prières, au milieu de cette situation tempétueuse qui perturbe à chaque instant toutes les prévisions. Si la caisse anticoronavirus est établie sur une base large, officielle et populaire, c’est surtout grâce aux efforts des appareils étatiques et du Conseil de veille économique (CVE), qui veillent au bien-être des classes laborieuses. La réunion des capitaux, que Khalfi remet en question, permettraient un mouvement de fonds considérable pour alimenter le commerce, l’agriculture, la tourisme et l’économie.
Le plus pressant besoin de Khalfi et frères en ce moment est de s’entendre parler eux-mêmes, impuissants, désarmés ; la voix qu’ils sont avides d’écouter, c’est la leur. Les déclarations de l’ancien ministre (2012-2019) ont suscité la colère de quelques acteurs économiques, qui se sont interrogés sur leur sens et leur portée. Mais apparemment, il est plus facile de déclamer contre une initiative royale, destinée à tarir la misère des plus exposés aux circonstances actuelles. Khalfi, un esprit que la fortune retient captif dans ses délices depuis quelques années, ne daigne plus regarder les souffrances de la classe déshéritée ou les adoucir.
Le PJD, parti de Mustapha Khalfi, s’est longtemps livré à une politique de parti qui sacrifie tout à une âpre envie de domination, qui s’est accoutumée à se moquer de toutes les garanties, des intérêts de la collectivité, des règles les plus élémentaires d’une administration juste et prévoyante, qui ne voit dans les finances elles-mêmes qu’un moyen de donner carrière à des objectifs irréalisables. C’est la vérité de la situation, — et tandis que toutes parts s’élèvent les soucis les plus pressants, la politique de parti poursuit, autant qu’elle le peut, selon les occasions, sa petite œuvre, ses mesquineries.






