La 4ème édition des matinées de l’Industrie s’est ouverte le 18 février, à Casablanca, sous le thème de « quelles énergies pour l’Industrie marocaine ? ». La rencontre s’est faite sur 3 panels, réunissant divers professionnels, industriels et experts, pour discuter de plusieurs questions telles que : quel mix énergétique pour l’industrie marocaine ? Quel cadre juridique pour réguler le secteur énergétique marocain ? Quel financement et/ou investissement pour la promotion des nouvelles technologies de l’industrie de l’énergie ?
La facture de l’énergie dans le secteur industriel est un thème qui touche sensiblement la compétitivité du tissu économique du Maroc et surtout de son écosystème industriel. Dans un contexte national connu par l’orientation vers la diversification des ressources d’énergie, d’une part et de la volatilité des prix sur les marchés pétroliers et gaziers d’autre part, la question de l’énergie dans l’industrie est une question majeure. Les ressources énergétiques sont une matière première qu’il est devenu primordial de bien exploiter, et ce, pour optimiser la pérennité des ressources, dans une conjoncture mondiale marquée par les guerres économiques et les changements climatiques de plus en plus exacerbés. Dans ce sens, Mustapha Bakkoury, président de l’Agence marocaine pour l’énergie durable, a affirmé, lors de cette rencontre que « l’enjeu aujourd’hui est de trouver une manière de garantir la disponibilité de l’énergie tout en prenant en compte la donne de la problématique environnementale », en prenant en compte le double objectif qui est de disposer d’une énergie compétitive de manière conforme à la problématique environnementale.
M. Bakkoury a fait remarquer que, bien que le Maroc ne dispose pas de ressources énergétiques comme le pétrole, le gaz ou le charbon, il a tout de même pensé à développer des alternatives énergétiques dans le domaine des énergies renouvelables. Sur le plan continental, le Maroc dispose d’un système d’énergies renouvelables très compétitif. L’enjeu ne s’arrête pas là seulement. Il s’agit, pour M. Bakkoury, d’ « aller plus loin en matière de capacité et améliorer davantage l’efficacité du système » des énergies renouvelables. Selon lui, la force du système des énergies renouvelables marocain « réside dans le fait que nous avons un ensemble de projets qui s’alimentent les uns des autres, ce qui permet d’avoir une stratégie renouvelable avec un modèle économique qui tient la route ».
Dans un discours à l’occasion de la 21ème Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations unies sur les Changements climatiques, le 30 novembre 2015 à Paris, le Roi Mohammed VI avait clairement défini les objectifs fixés du Royaume en matière d’énergie. « Le Royaume a résolument inscrit sa politique volontariste en matière de développement durable et de protection de l’environnement […] C’est ainsi que l’objectif de 42 % qui avait été fixé pour la part des énergies renouvelables, dans la réponse à apporter à nos besoins en 2020, a récemment été porté à 52 % à l’horizon 2030 ». Les moyens d’atteindre ces objectifs de production et la réduction de leurs coûts en milieu industriel ont également été des points débattus. Pour répertorier les différentes initiatives nationales, il y a la loi n°13-09 dont les 44 articles encadrent les initiatives nationales, publiques et privées, pour libéraliser la production et la commercialisation de l’électricité produite à partir des énergies renouvelables. Cette loi a fortement contribué à la réalisation de la stratégie royale peut contribuer davantage à l’atteinte de l’objectif de 52% de la puissance installée en énergies renouvelables à l’horizon 2030.
La dépendance énergétique nationale est passée d’environ 98% en 2009 à 91,7% en 2018, une baisse atteinte grâce aux efforts fournis dans le développement des énergies renouvelables. Il n’en demeure pas moins que la facture énergétique d’origine fossile ne cesse d’augmenter avec la fluctuation des marchés et des courts. Celle-ci s’élève à environ 82,2 milliards de dirhams en 2019, contre 69,1 MDHS en 2018. L’impact est certain sur la compétitivité du secteur industriel, entre autres, et qui représente 30% de la consommation énergétique nationale. Sur le plan continental pourtant, 600 millions d’africains vivent encore sans accès à l’énergie.
Pour répondre à la question focale de cette rencontre, quelles énergies pour l’industrie marocaine, M. Bakkoury a affirmé que « 2020 sera l’année d’inflexion sur l’introduction de l’hydrogène ». Cela permettra de réduire considérablement la part des énergies fossiles utilisées dans le mix énergétique l’industrie. L’hydrogène est d’ailleurs déjà présent dans plusieurs domaines industriels comme la pétrochimie par exemple. Le problème que pose la production de l’hydrogène est qu’il faut l’extraire, explique M. Bakkoury, sauf qu’il est extrait d’énergie fossile. « Le pari est donc de produire un hydrogène plus compétitif et à partir de sources renouvelables et qui produisent peu de carbone », ajoute M. Bakkoury, tout en spécifiant que donner une impulsion à cette production énergétique permettrait au Maroc de dépasser même les objectifs des 52% de ressources renouvelables en 2030. Une autre source d’énergie qui est souvent gaspillée est la chaleur produite par les processus industriels a-t-il fait remarquer.
Pour atteindre ses objectifs en termes d’énergie, et les incorporer à un secteur industriel constamment énergivore, le Maroc doit améliorer certains facteurs, comme les différentes technologies de production d’énergie renouvelable, le stockage de l’énergie sur le court, moyen et long terme, des synergies à mettre en place au niveau des combinaisons de production d’où l’importance d’élaborer une feuille de route sur « les possibilités de mobilisation de source énergétique pour adresser tous les besoins tout en ayant à l’esprit la dimension environnementale », a affirmé M. Bakkoury.
Cette rencontre, tenue hier, sous l’égide du ministère de l’Industrie, du commerce, de l’économie verte et numérique, avec le soutien de de l’agence marocaine pour les énergies renouvelables (MASEN) a réunit plus de 800 participants, industriels, institutionnels, entrepreneurs et universitaires, qui se sont penchés sur les différentes questions ont pris part au débat.