À partir d’aujourd’hui, plus de 200 dirigeants et experts de plus de 20 pays se réunissent à Rabat, au Maroc, du 26 au 28 février, afin de réfléchir à des approches stratégiques et efficaces visant à rendre les espaces publics sûrs et à renforcer l’autonomisation des femmes et des filles. Reportage.
La ville de Rabat et ONU Femmes organisent conjointement le cinquième Forum mondial des leaders pour des villes et des espaces publics sûrs. Ce forum s’inscrit dans le cadre de l’initiative mondiale « Des villes sûres » qui réunit près de 50 villes membres autour du monde engagées dans l’objectif de lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles dans les espaces publics urbains.
S’exprimant lors de l’ouverture des travaux du Forum, Moez Doraid, Directeur régional ONU-femmes pour les États arabes, a indiqué que ce Forum s’inscrit dans le cadre de la commémoration des 25 ans de l’adoption de la visionnaire Plate-forme d’action de Pékin. « Ce Programme d’action projette un monde où chaque femme et chaque fille peut exercer ses libertés et ses choix et connaître et comprendre tous ses droits, notamment le droit de vivre sans violence, le droit à l’éducation, le droit de participer à la prise de décision et le droit de recevoir un salaire égal pour un travail égal », a-t-il expliqué.
Selon le responsable onusien, le processus de Beijing a suscité une remarquable volonté politique et a engendré une plus grande visibilité à travers le monde. Il a permis d’unir et de renforcer les activités militantes des mouvements féministes à l’échelle mondiale. Depuis l’adoption de cet accord, les gouvernements, la société civile et le public ont traduit sur le terrain les promesses du Programme d’action, engendrant ainsi de véritables changements dans chaque pays. Ils ont conduit à des améliorations considérables dans la vie des femmes.
Dans ce contexte, le Directeur régional d’ONU-Femmes a rappelé qu’une étude menée dans des régions de plusieurs pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord a révélé qu’entre 40 et 60% des femmes ont déclaré avoir déjà été victimes de harcèlement sexuel dans la rue. En Union européenne, 1 femme sur 10 a déclaré avoir déjà été victime de cyberharcèlement depuis l’âge de 15 ans, ce qui comprend les courriels ou les SMS sexuellement explicites non désirés et offensants, et les avances offensantes et inappropriées sur des sites de réseaux sociaux. Le risque est le plus élevé chez les jeunes femmes âgées de 18 à 29 ans.
Pour sa part, Zitouni El Hail, Directeur de la sécurité publique, a noté que la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) s’est dotée de cellules de prise en charge des femmes et des filles victimes de violences, une mesure qui intervient dans le cadre de l’accompagnement de la mise en oeuvre des dispositions de la loi 103-13 du 22 février 2018 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes. Ces nouvelles structures visent à capitaliser sur l’expérience cumulée des cellules d’accueil des femmes victimes de violences, créées en 2007 au niveau des services de la police judiciaire. Il s’agit également d’une révision d’une manière globale et structurelle des anciennes cellules pour qu’elles deviennent des structures intégrées garantissant le soutien psychologique, le conseil, l’encadrement et le traitement des doléances et des plaintes, au lieu d’être uniquement des unités sécuritaires chargées de recevoir et traiter ces plaintes.
« Ces nouvelles structures sont pilotées par une cellule centrale de prise en charge des femmes victimes de violences qui a notamment pour missions d’analyser les données recueillies, de formuler des recommandations, d’encadrer, d’orienter, d’élaborer et d’éditer des guides et des manuels, ainsi que de programmer des formations initiales, continues et spécifiques », a-t-il relevé. Elles ont aussi pour missions de coordonner l’action de la DGSN au niveau interdépartemental avec les organismes étatiques et la société civile, de développer des partenariats avec les parties prenantes, de mutualiser les moyens et de coordonner les actions entreprises.
A noter que Rabat a été la deuxième ville du Maroc à rejoindre l’initiative mondiale « Villes et espaces publics sûrs » d’ONU Femmes, après Marrakech en 2015, et la deuxième ville des États arabes à co-organiser ce forum, après le Caire. Le forum s’inscrit dans le cadre des efforts de la ville pour mettre fin au harcèlement sexuel et aux autres formes de violence à l’égard des femmes et des filles et pour créer des espaces publics sûrs pour toutes, et pour tous, à Rabat.