Sous le thème de « l’Asie comme horizon de pensée », l’Académie du Royaume du Maroc organise un cycle de conférences thématiques. Aujourd’hui, le professeur Chang Kyung-Sup de la Seoul National University in South Korea est à l’honneur, dans le cadre d’une conférence autour de l’expérience sud-coréenne de la modernisation.
Le terme focal de cette conférence était la modernité comprimée qui fait référence à des changements économiques, politiques, sociaux et culturels extrêmement rapprochés dans le temps. Pour le professeur Chang Kyung-Sup, cette modernité comprimée est l’une des spécificités de la société sud-coréenne, puisque cette dernière a été largement transformée par la coexistence d’éléments historiques et sociaux, mutuellement disparates.
Cette modernité comprimée est un phénomène qui défie les sciences sociales conventionnelles, rendant plus difficile de comprendre les caractéristiques de la société sud-coréenne.
En effet, la Corée du Sud comptabilise un PIB par habitant de 30.000 dollars, elle regroupe les plus grandes industries mondiales, et le plus haut niveau d’enseignement supérieur au monde. Ces réalisations relèvent de l’exploit pour un pays qui a été rongé par l’exploitation coloniale et la guerre civile en 1919, ainsi que des soulèvements prolétaires.
Pourtant, une série de problèmes sociaux continuent de hanter la société sud-coréenne. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la Corée du Sud regroupe le niveau de pauvreté des personnes âgées le plus élevé au monde, elle compte également le taux de suicide le plus élevé au monde y compris parmi les personnes âgées. Le taux d’endettement des ménages dépasse de loin celui de l’ex-leader mondial, les États-Unis.
Pour le professeur Chang Kyung-Sup, la société marocaine ressemble sur plusieurs niveaux à la société sud-coréenne, et ce de par l’expansion économique que connaît le pays, mais aussi par certains traits de la société marocaine. D’ailleurs, telle est la visée de cette conférence, réfléchir aux conditions structurelles, aux risques et aux réalisations de la modernité comprimée, et la projeter sur la société marocaine dans ses efforts de développement et de modernisation, tout en prenant comme exemple l’expérience sud-coréenne.